Tuesday, January 22, 2008

Temps : J+27
Dernier jour au Mexique. Il fait moche, froid et il pleut. Le Mexique est-il aussi triste que moi de me voir partir ?
8h30 : Elle me réveille. Je lui demande si elle n'a pas raté son premier cours de la matinée. Non, il a été décalé. En tout cas, moi, je vais être en retard à mon rendez-vous et il faut que je me dépêche si je ne veux pas le rater. Au moment de partir, Cecilia s'apprête à me déposer à l'arrêt de bus comme d'habitude, mais Rodri part justemnet et il se propose de me déposer.
Un arrêt de métro après MA Quevedo, il y a Viveros de Coyoacan et l'arrêt suivant est Coyoacan. Ce dernier n'est pas du tout à Coyoacan en réalité. Il y a des choses comme ça parfois... L'arrêt Viveros est tout de même à 2km à l'ouest de la Place Centrale où se trouve le Sandborn's (un magasin type FNAC) où j'ai rendez-vous. Sur mon plan de Coyoacan, je constate que l'Avenida MA Quevedo orientée Ouest-Est continue vers l'est et passe quelques "cuadras" ou rues (4 ou 5) au sud du centre. Je questionne donc le conducteur de mon micro savoir si la route (la "ruta" ; entendre la ligne de bus) continue après l'arrêt de métro, lui précisant que je me rends à Coyoacan. Il me répond avec l'habiutelle gentillesse des conducteurs à qui j'ai eu affaire jusque là, que je dois changer pour prendre un autre micro direction Taxqueña. Le chauffeur suivant m'indiquera, toujours avec la même amabilité, où descendre et dans quelle direction marcher. Et en effet,
9h20-9h30 : Je me poste devant le Sandborn's. Personne. Enfin si. Une autre femme, plutôt la trentaine, attend également. Une coïncidence assez étrange que nous ayions rendez-vous le même jour à la même heure au même endroit ! Mais elle a tout sauf le type colombien. Je continue donc à attendre. Vers 9h45, je dépense quelques pièces ("monedas") dans un téléphone public sans réussir à joindre le portable de Marcela. Elle arrivera un peu après, finalement, vers
9h50 : débouche au coin de la place une très jolie petite blonde, peau blanche et yeux clairs, colombienne ma main à couper et qui m'adresse un charmant sourire à fondre sur place dès qu'elle m'aperçoit. A son tour, elle se fond... en excuses pour son retard, je la rassure en lui expliquant que je n'avais pas non plus fait dans la ponctualité. Allons-nous directement au Musée Frida Kahlo ? Je lui conte mon départ précipité ce matin, sans prendre le temps de déjeuner et nous entrons finalement à l'Italian Coffee voisin. Après un expresso qui nous permettra de faire première connaissance de nos nombreux points communs, nous montons dans sa voiture pour parcourir la cinquantaine de mètres qui nous sépare du musée -attitude très defeños-...
Depuis un mois que je lis, et entends parler de Diego Rivera et Frida Kahlo, je vais enfin pouvoir voir leurs oeuvres et connaître un peu plus leur vie, les deux éléments étant présentés au fur et à mesure des différentes pièces de la Maison bleue.

Conçue par Diego Rivera lui-même comme une référence à la richesse culturelle et architecturale des civilisations qui ont fait l'histoire de son pays, ce gros bloc cubique est fait d'une triste pierre d'un basalte gris sombre.

Leon Trotsky que le couple aida lors de son arrivée en exil à Mexico City vécut également un moment dans cette maison. Une pièce remplie de livres, photos, affiches, copies de fresques de Diego démontre l'engagement et les opinions politiques du couple. Dans une première, des livres et de nombreuses lettres montrant leurs étroites relations avec l'élite intellectuelle et artistique de leur temps : Pablo Neruda, André Breton... Dans une lettre Rockfeller demande à Diego de retirer le visage de Lénine de la fresque qu'il lui a commandé pour un bâtiment public de New York. Cuisine, chambres sont richement décorées. Dans cette dernière Frida passa beaucoup de temps allongée. En effet, son oeuvre, constituée presque unisuqement d'auto-portraits torturés, est due à une santé fragile et à la maladie qui ne lui laissa jamais que peu de repos. En dernier lieu, l'atelier de travail de Diego recèle de nombreuses pièces dignes du Musée d'Anthropologie (sculptures, codices, céramiques...) illustrant sa ferveur à faire connaître la richesse de son peuple et l'histoire de son pays.
Surant cette visite nous continuâmes à faire connaissance tout en partageant une conversation intéressante et culturelle.
Entre les deux maisons-musées, nous partagerons un nouveau café accompagné d'une de ces pâtisseries mexicaines : à l'annanas pour moi, au chocolat pour Marcela. Cela dans un lieu que je connaissais déjà par le hasard de la veille qui m'avait amené dans un autre établissement de la fameuse chaîne Bisquet's.
La casa de Leon Trotsky, en plus de retracer l'une des phases parmi les plus ombres du XXème siècle, montre les conditions et le confort de vie tout minimaliste comme le connut Trotsky en 1940 à la veille de l'atentat qui lui fut fatal. Fenêtres et balcons murés commeune forteresse défensive et traces d'impacts de balles du premier attentat, manqué, sur le mur au-dessus de son lit.
Son bureau, ses livres, ses instruments (Ediphone, TSF, ...) montrent un bourreau de travail qu'on ne laissa pas terminer sa biographie de Stalline.
Dans la cour de la demeure, une stèle contenant ses cendres surmontée d'un drapeau rouge.

J'ai à peine le temps de connaître la faculté de musique de l'UNAM bizarrement située à Coyoacan et où Marcela étudie et, malgré le plaisir réciproque de notre companie, il est temps de se séparer pour la laisser s'enfuir vers son travail et me voir prendre une ultime fois le chemin de San Jeronimo.
14h00 : Cecilia est presque à l'heure au rendez-vous que nous nous étions fixé. Je comprends rapidement que nous n'irons pas déjeuner en compagnie de Carla et Chrystel comme cela était prévu initialement...
La maison est déserte. C'est dommage, je n'aurai pas l'occasion de faire mes adieux et remercier chaleureusement Rodri, Rafa et Pati...
Mon vol est à 21h, il faudrait donc que je sois à l'aéroport peu après 18h (mieux vaut prévoir de la marge), et par conséquent partir vers 16h, on ne sait jamais à l'avance comment roule Ciudad de Mexico.
Je prépare donc toutes mes affaires, boucle le sac des adieux à cette maison, à cette chambre. Mon équipage sort déjeuner avec nous. Destination le tacos du premier soir en bas de San Jeronimo mais dans le restaurant, à l'intérieur, cette fois. Ce sera l'occasion de tester les quelques (rares) manières d'assaisonner les tacos qui ont échappées à ma boulimie degustatrice. Viandes, pimant, coriandre, ail... tout y passera. Cecilia me prête son portable pour envoyer un SMS de remerciement à Pati. Finalement elle nous rejoindra à la fin du repas, ainsi que Jorge mais pour repartir dans la foulée sans autre forme de procès. Pati, à son tour, succombe à l'appel du devoir économique. Après avoir terminé le repas, je rappelle à Montse mon souhait de passer au Krispy Kreme pour savourer quelques uns de leurs succulents Doughnuts et pour effacer une expérience américaine douloureuse. C'est ainsi que nous nous retrouvons au Centre Commercial voisin juste de l'autre côté du "Periferico", pour commander deux boites de 6 ; une qu'elle ramènera chez elle et l'autre que nous entamons et qui ira jusque chez moi finalement.
16h00 : Il est temps de prendre la route. Bien qu'un peu chargée au début, nous arriverons à l'aéroport 45 minutes plus tard au lieu des 2 heures calculées.
16h45 : Arrêté au dépose-minute des départs vers l'international, nous profiterons de la marge de manoeuvre pour terminer ou commencer les rares discussions qui manquaient encore à notre répertoire. Ses adieux furent remplis de la promesse de venir m'importuner à Paris plus tôt que d'aventure.
17h45 : D'un pas à la lenteur mesurée, que je conserverai durant les 3 heures d'attente qui se dessinent devant mes yeux en surimpression de la blancheur et de la propreté du Hall de départ de l'aéroport Benito Juarez, je me dirige vers les comptoirs de Lufthansa. La compagnie d'outre-Rhin sera le vecteur de mon retour et de ma réhabilitation auprès de la Société Occidentale. Non sans quelques peines. Comme celle de répondre en espagnol à une question en allemand d'une hôtesse de l'air.
Une file d'attente réduite à son plus simple appareil, jeme présente en tendant billet et passeports qu'un grand sourire masculin me restitue peu de temps après. Mon sac à dos pesé et etiquetté est déjà sur les chemins roulants tapissés qu'une question anodine sur les bouteilles de Mezcal -souvenir contenues dans mon bagage à main- oblige un employé de la compagnie à courir après le gros équipage pour me le ramener. Ce contretemps m'oblige à revoir tout l'agencement intérieur des 70L de contenance pour leur incorporer 4 Litres (liquides cette fois) supplémentaires. L'ensemble part, une deuxième fois par le tapis motorisé quand un éclair de lucidité me rappelle avoir oublié de replacer le couteau suisse dans sa poche de voyage. Trop tard ! Il ne me reste plus qu'à le jeter... Je quitte enfin l'espace d'enregistrement pour me promener dans les couloirs du terminal quand plusieurs centaines de mètres plus loin me rattrappe le préposé aux bagages qui me dit qu'il doit descendre là où se trouvent les sacs et me propose de mettre mon couteau dasn mon sac. Sans trop réfléchir je lui donne le numéro de ma valise et il repart comme il est venu. Un doute m'assaille. Son comportement m'intrigue. D'autant que je me souviens la froideur avec laquelle il a accueilli mes remerciements. Je le guette un moment depuis l'extérieur de la salle d'enregistrement. Bien plus tard, le steward qui s'était occupé de moi passe et je lui expose mes suspicions. Je lui précise qu'elles ne sont sans doute pas fondées mais que le comportement m'a paru étrange. Il me demande de l'attendre et ne reviendra que longtemps après pour m'annoncer que le couteau est dans le sac. Soulagé, je peux enfin me diriger vers la zone d'embarquement, après avoir passé la douane. Il me reste encore plus d'une heure avant l'embarquement et donc après un tour des magasins duty free où l'on m'inviter à goûter une Tequila, je repère un bar avec l'idée d'y déguster ma dernière bière mexicaine. Je m'installe au comptoir, face au barman, à côté d'un jeune mexicain qui étudie l'architecture à Barcelone. D'autre poins communs encore nous ferons rapidement sympathiser, d'autant que nous retournons tous deux sur le vieux continent par le même vol, à la suite duquel nous attendrons nos correspondances respectives. Ce bar d'aéroport sera l'occasion de goûter une nouvelle bière mexicaine qui manquait à mon palmarès. Nous avons tellement passé le temps que quand nous nous rendons aux portes d'embarquement, celui-ci a presque déjà commencé. Le vol passera tranquilement entre écriture, lecture et (très peu de) vidéo. Mais presque sans réussir à dormir, entre autres à cause de violentes turbulences au dessus du cercle polaire. Je réussirai à peine à somnoler jusque Amsterdam puis nous remonterons la vallée du Rhin avant d'entamer notre descente sur Francfort. Des adieux, une nouvelle adresse dans mon petit carnet déjà bien rempli. Un nouveau saut d'une heure et quelques centaines de kilomètres et ce bon vieux Roissy me déroulera son tapis d'asphalte pour célébrer mon retour en grandes pompes.


Epilogue
C'est dans un froid et très humide matin gris de Novembre, dans un bus de la RATP qui ne fera pas grève ce jour-là, sur le chemin routinier des habitudes quotidiennes que s'achève tel un blessé dont il faut savoir abréger les souffrances ce récit enjoué, long (trop ?), enthousiasmant et riche. Le Mexique est déjà si loin dans ma tête...