Monday, February 06, 2012

J1-J8


05/1/2011
J-1 : Köln-Frankfurt-Singapore
Jamais, je crois, la préparation d'un voyage n'avait été si tardive ; et pourtant jamais aussi détendue et apaisée malgré l'excitation bien présente (au moins en pensées) due à l'immense inconnu qui se dresse devant moi. Ah ! retrouver la sensation, l'incertitude de mes tout premiers voyages en solitaire ! Lire le Lonely Planet et n'y voir que des mots. L'impossible projection dans le futur, même proche ! Quel plaisir rafraîchissant de refaire connaissance avec ces vieux sentiments qu'on ne pensait pas devoir revoir un jour ! Enfin quel paisible pensée celle de savoir que la seule préoccupation de ces 5 prochaines semaines sera de noircir ces pages…
Je me souhaite la bienvenue sur ce blog.

J-2 : Singapore
Peu profité de ce premier vol en A380 : entre Rien à Déclarer, 2 repas et 5-6 heures de sommeil ; les 12 heures de vol sont passées relativement vite. Les formalités à l'arrivée se déroulent sans encombre et, assis, j'attends que mon sac sorte de l'embouchure des tapis roulants. Il ne sort pas. Une petite Singapourienne comme elles le sont toutes (surtout les asiatiques) s'approche de moi et me demande si mon nom figure sur la liste qu'elle me tend. Il y est. Ce que je lui signifie. Elle m'invite alors à me rendre au bureau des objets trouvés en me précisant que mon sac n'est pas parti de Francfort. Super. En m'y rendant, j'aperçois Ol et Marie-Hélène derrière les parois vitrées qui doivent commencer à se douter qu'il y a un souci. Au bureau on m'apprend que le sac partira avec le vol Lufthansa du lendemain à la même heure. Sauf que moi je serai je-ne-sais-où en Thaïlande le lendemain à l'heure dite, vu que j'ai un billet pour le vol Singapour-Bangkok de Tiger Airways (une low-cost asiatique) de 9h40. On me propose donc de l'expédier à Bangkok directement après son arrivée à Singapour. Mais les terribles inondations récentes après d'intenses réflexions m'ont amené à revoir mes plans de voyage et partir directement pour Chiang Mai où mon sac peut également être convoyé seulement, pas avant le surlendemain matin. Pas de vols disponibles avant. Plan que je finis par accepter en tenant compte du fait que les 12h de voyage entre Bangkok et Chiang Mai ne m'amèneront au plus tôt que tard dans la nuit ou tôt le matin à destination. Cette solution est également celle qui devrait me faire perdre le moins de temps pour rallier le Laos au plus tôt. Je récupère également une trousse de toilette et 150 Dollars Singapouriens (US$80) pour parer au plus pressé. Les formalités réglées je peux enfin rejoindre et saluer mes hôtes. Le temps de trouver un taxi et le trajet pour le centre-ville et il est déjà 18h passées quand je pénètre dans le condominium de la River Valley Road où demeurent mes amis. Après une douche et un peu de repos nous ressortons vers 20h boire une Tiger (la bière Singapourienne) juste à côté du condo, puis manger au restaurant thaïlandais au bord de la rivière singapourienne au Clark Quay (prononcez Key) à peine plus loin. C'est une quartier de fête aux innombrables bars et restaurants de toute sorte (on trouve de tout à Singapour) dont l'activité en ce dimanche soir est tout bonnement stupéfiante. Je mets cela sur le compte de la veille de jour férié (une fête musulmane du genre de l'Aïd) mais Olivier m'explique que c'est comme ça tous les soirs. Architecture qui en met plein les yeux pour ces anciens hangars et bureaux portuaires restaurés. La fatigue aidant (même si je me suis réveillé de ma nuit dans l'avion vers 15h), la soirée ne s'éternise pas outre mesure et nous rentrons nous coucher. La nuit sera chaude et courte avec un corps qui se réveille à 5h du matin et un réveil qui sonne à 7h50.
J-3 : Singapore-Bangkok-Chiang Mai
A 8h30, après un petit déjeuner de pains au chocolat et café, nous montons dans les taxi pour l'aéroport et à 9h je cherche mon comptoir d'enregistrement (uniquement pour récupérer mon boarding pas, n'ayant pas de bagage à enregistrer !) En vain. L'enregistrement se clôture 45 minutes avant l'horaire du décollage. 5 minutes trop tard ! Malgré toutes mes protestations, pas moyen d'embarquer pour ce vol. Il me faudra, moyennant S$70 (US$50) me faire reporter sur le vol suivant, prévu à 12h45. Un Aller-Retour en ville n'ayant pas beaucoup de sens pour si peu de temps, je congédie mes deux amis et passerai donc la matinée au Terminal Budget de l'aéroport Changi de Singapour. Un massage de pied gratuit plus tard (grâce à une super machine à disposition dans le terminal) et quelques heures de lecture et le A320 décolle pour survoler la Malaisie et la baie de Thaïlande. 2 heures de vol et une heure de décalage (de moins) et après un aperçu de haut de l'état des inondations dans la région de Bangkok, c'est enfin l'arrivée à l'aéroport où, à l'office du tourisme, on m'informe que seuls deux trains par jour rallient Chiang Mai : un le matin et un l'après-midi depuis la gare de Hua Lamphong ainsi que le moyen de m'y rendre : en CityTrain, une sorte de métro/RER aérien surélevé comme toutes les routes importantes ce qui se révèle tout particulièrement utile en ce moment, et en métro (souterrain). La vue sur les nombreux et socialement très hétérogènes quartiers résidentiels en se rapprochant du centre-ville et leur niveau d'inondation inversement proportionnel au revenu moyen de leurs habitants -sauf les maisons les plus pauvres, qui, fidèles à l'architecture traditionnelles sont sur pilotis- est saisissante. La gare est le terminus de la ligne de métro et en même temps la station la plus proche du centre historique. Mais pas le temps de flâner, je me dirige au plus vite vers la gare en espérant,malgré l'heure tardive (déjà presque 16h) encore pouvoir prendre le train de l'après-midi. Je pénètre donc dans cette magnifique enceinte blanche et jaune (les couleurs nationales) de style colonial du début du XXème siècle rehaussée dedans comme dehors d'un imposant portrait du roi, vénéré véritablement comme un dieu. A l'entrée un garçon assis à une table indiquant "Tourist Information" s'enquiert de mes intentions et s'occupe de moi avec une grande gentillesse et beaucoup d'avenant. Il m'explique les différents horaires de train, seulement deux par jour circulent en ce moment, le voyage prenant 4h de plus que d'habitude, les inondations obligeant le train à un détour. Le train de 18h10 doit donc rallier Chiang Mai entre 6h et 8h le lendemain matin. Il m'accompagne au guichet où l'on me signifie que le train en question est "fully booked" quelque soit la classe. Il reste des places assises pour celui de 8h30 le lendemain ou des couchettes pour celui du soir. Comme je veux absolument être à Chiang Mai le lendemain, le garçon me propose le bus qui met plus longtemps ; j'accepte et il m'emmène à l'étage où pour 980 Thai Baht je peux avoir une place dans celui, climatisé, de 20h30 : le prix incluant le transfert en taxi vers le point de départ du bus et un repas à bord. Je n'ai pas trop le choix et récupère donc un billet ainsi qu'un rendez-vous à 19h30 pour le départ en taxi. Je dispose de 3h30 devant moi pour me faire une idée du centre historique (peut-être visiter le temple contenant le fameux Bouddha d'émeraude dérobé aux Laos par les Thaïs ?) et tenter d'appeler l'aéroport de Singapour vers 17h pour m'assurer de l'arrivée de mon sac. Je remonte la rue vers le quartier des temples le long de laquelle se succèdent les échoppes en tout genre : des banques aux bijouteries, aux fabricants de cercueils ! dont les ouvertures sur la rue sont toutes protégées par des murs de sacs de sable voire des parpaings -certains hauts de plus de 1 mètre- rendant l'accès au commerce en question peu praticable. La ville se prépare à une inondation massive, il semble ! Enfin, 30 bonnes minutes de marche plus tard, j'arrive au pied d'une impressionnante muraille blanche à créneaux protégeant et ne laissant dépasser que les toits pointus des temps que je contourne à la recherche d'une porte où des soldats sur le pied de guerre m'indiquent que c'est "finished". Le panneau touristique à côté, plus loquace, me renseigne sur l'heure effective de fermeture : 15h30. Peine perdue donc ! Je rejoins la rivière Chao Phraya bordant quasiment un des pans de l'enceinte carrée et décide de la descendre en bateau-bus pour rejoindre la gare. Son niveau est effectivement très haut et les nombreuses vannes qui protègent la ville des crues semblent devoir déborder sous peu. On comprend mieux les préparatifs des habitants. Je passe également le long du musée Siam : "Fermé pour cause de préparation à l'inondation" ! Les berges offrent un spectacle magnifique avec ces hautes eaux menaçant la ville et les nombreux temples bordant la rivière. Je parviens finalement à un embarcadère accessible (celui d'avant était complètement inondé) ; celui là aussi, à vrai dire, mais une passerelle de planches de bois permet d'y accéder. Mais le préposé, assis derrière son bureau les pieds dans l'eau me signifie qu'il n'y a pas de bateau qui descendent et que je dois prendre un taxi ou un tuk-tuk. Je rejoins donc la gare à pied où je suis une demi-heure avant le rendez-vous prévu ayant pris le temps de téléphoner et de recevoir confirmation que mon sac a bien rallié Singapour et qu'il sera chargé à bord de l'avion pour Chiang Mai du lendemain matin. En sirotant une bière en attendant le départ je me retrouve pour la première fois au milieu de backpackers : tous français ! Je me retourne donc et aborde la conversation avec une allemande (en fait bosnienne) derrière moi. Son copain et elle se rendent aussi à Chiang Mai, comme moi n'ont pas eu de places pour le train et se sont rabattus sur le bus de 1ère classe. Ils partent une demi-heure plus tard. Le signal du départ est donné et mis à part 2 anglophones voyageant seuls, tous les autres sont des français en couple… Le taxi sera finalement un tuk-tuk fonçant comme un dératé à travers les rues de la ville. En 10 minutes nous sommes dont à la boutique de massage/agence de tourisme/transport où le bus doit venir nous chercher : un bus Volvo à 2 étages vieux de 20-30 ans. A peine à bord une brioche et un verre d'eau nous sont servis tandis que le film démarre. Je n'en verrai pas beaucoup, mon corps me rappelant bien rapidement au sommeil. Avant cela j'ai tout de même le temps de constater, à peine sorti de Bangkok, l'étendue des dégâts : la route que nous empruntons est la seule chose avec les habitations qui émerge de l'eau ; et encore, seulement en partie : la 2x2 voies se transforme régulièrement en 2x1 voie dès que l'une des deux se retrouve également sous les eaux. Je savoure les 2-3 heures de sommeil jusqu'à ce qu'on nous réveille à 1h du matin pour la pause pipi/dîner. Il n'y a pas d'heure de repas fixe dans ce pays ! Dans une échoppe/restaurant du bord de route trois files d'attente se forment : l'une devant les toilette, l'autre devant le "buffet" auquel je renonce (riz gluant avec une sorte de noix concassées, des tranches de saucisses sucrées séchées et 3 quartiers d'oeuf dur dont le jaune tend de manière inquiétante plutôt vers le beige) pour la troisième file : une soupe de nouilles et viande typique des restaurants asiatiques. Le choix s'avèrera bon. Le bus se remet rapidement en route mais le sommeil ne veut plus être de la partie. Je le retrouverai vers 4h avant d'être réveillé à nouveau 2 heures plus tard pour la distribution de "café" : un breuvage marron clair extrêmement sucré, intermédiaire entre un café et un chocolat chaud. Une demi-heure plus tard le bus marque un premier arrêt à une gare routière. C'est déjà Chiang Mai. Les backpackers descendront au deuxième arrêt : une agence de tourisme/restaurant plus proche du centre-ville où nous attendent tuk-tuk et songthaew. Il est quasimment 7h du matin.

J-4: Chiang Mai-Chiang Khong
Comme aucun café n'est encore ouvert à cette heure si matinale, je me promène à travers la ville le long de l'axe Nord-Sud. Il s'agit d'une ville fortifiée carrée entourée d'eau (les douves) et de quelques tronçons de murailles de briques encore debout. Je me pose dans une pension pour boire un café et écrire en compagnie des touristes prenant le petit-déjeuner probablement inclus dans le prix de leur séjour. Vers 9h30 je me remets en route pour visiter la ville et ses nombreux et magnifiques tempes dont l'un abrita le Bouddha d'émeraude avant qu'il soit transféré au Laos puis volé par les Thaïs et ramené à Bangkok. Par tradition, certains temples sont voués à des moines célèbres et vénérés pour la sagesse et le niveau d'élévation qu'ils ont atteint. Parfois il s'agit d'une photo mais parfois c'est une réplique en cire grandeur nature du moine avant sa mort qui figure au centre du temple. Ces personnages de cire sont si ressemblants que cela déclenche parfois une irrésistible et violente chair de poule quand, en pénétrant dans un temple, on croit que la figure est une vraie personne…
Je continue mon trajet jusqu'au nord où après avoir visité le plus beau et plus vieux temple de Chiang Mai il est déjà 11h quand je commence à héler un tuk-tuk pour m'amener à l'aéroport : un Thaï très serviable arrête un Songthaew qui est sensé m'amener à l'aéroport. Il s'agit d'un mini-utilitaire (pick-up) japonais donc le tronc arrière est flanqué de deux bancs parallèles à la route et abrités d'une toile. 10-15 minutes plus tard me voici au terminal, j'entre par la porte des arrivées et explique au gars de la sécurité que je dois récupérer mon bagage expédié depuis Singapour par le vol de Silk Air. Il me laisse franchir le contrôle de sécurité sans plus de questions ni contrôle d'identité et j'aperçois le tapis roulant où défilent déjà les bagages en provenance de Singapour. J'aperçois ensuite le "Bagage Service" où j'attend qu'une dame termine son réquisitoire avant d'expliquer ma situation mais entre temps mon sac se présente sur le tapis et je le récupère avant de me présenter à l'employé à qui j'explique ma situation et montre mon document de l'aéroport de Singapour. Il note juste le numéro de réclamation et me laisse partir. Je passe 10 minutes à transférer certaines affaires entre sac à dos et backpack ainsi que me brosser les dents avant de ressortir et demander au premier Songthaew de m'amener à la gare routière où le bus pour Chiang Khong part à 13h d'après le Lonely. Il est 12h15 quand je m'insère dans l'énorme file d'attente devant les 3 guichets de la compagnie Green Bus. Après 30 minutes d'attente je prends mon billet pour le bus de 13h30. Cool, une demi-heure de rabe ce qui me permet de m'installer dans un des restaurants qui bordent le terminal. J'y retrouve justement un couple de français avec qui j'avais discuté dans le bus depuis Bangkok qui terminent de déjeuner. Je commande un riz sauté au porc que je dévore en 10 minutes pour être 1 quart d'heure en avance au bus. Je charge mon sac en soute ; vraiment bizarre de voyager avec 15 kilos sur le dos ; et je m'installe à ma place au premier rang. Vue imprenable sur la route qui durera 6h30 avec de nombreux arrêts intermédiaires. Au dernier arrêt je descend pisser dans les toilettes du terminal pour 3 THB et remarque un backpacker seul en train de fumer une cigarette. Comme je n'ai pas de guide de la Thaïlande et donc de conseil où dormir à Chiang Khong, je l'aborde mais il voyage sans guide et sans montre. Nous décidons quand même à l'arrivée à Chiang Khong de prendre un tuk-tuk ensemble qui nous amène au plus près du quai d'où partent les longboats qui franchissent la frontière (le Mékong) et après avoir visité 2-3 guesthouses nous nous décidons pour une chambre à 2 lits pour 300 THB donc US$5 chacun. Nous dînons également à la guesthouse et je me régale de saucisses de porc frites panées. Avant le dîner nous avions déjà acheté 2 bières (Leo) pour l'apéritif ainsi que quelques feux d'artifices ; en effet, la lune étant quasiment pleine, nous étions un jour de fête (première pleine lune de la saison sèche). Nous descendîmes sur les quais du Mékong pour allumer le paquet de feux d'artifice que nous avions payé 140 THB (US$5). Nous organisâmes un très beau petit spectacle pyrotechnique aidé par 2 Thaïs un peu plus loin avec leur montgolfière dont la source de chaleur était un engin explosif, et malgré une des fusées que j'allumai dans le mauvais sens et qui me brûla légèrement la jambe avant de percuter la poitrine du pauvre Luke sauvé par le paquet de cigarettes dans la poche de sa chemise. Suffisamment de frayeur pour la journée, nous filons nous coucher ; il est déjà minuit passé. Je mets le réveil pour admirer le lever du soleil sur le Mékong. Ma première nuit de backpacker ne sera pas la meillleure : impossible de m'endormir et mon compagnon de voyage qui s'avère être un ronfleur invétéré puis vers 5h du matin une violente averse me fait renoncer à me lever étant donné que celui du soleil ne sera pas très agréable mouillé ; je finis par me ®endormir enfin mais à 7h du matin d'une maison voisine s'élève une puissante musique qui durera 1h30-2h. Je dormirai finalement jusque 11h30.

J5 : Chiang Khong-Huay Xai- Oudom Xai
Après la douche nous nous dirigeons vers l'embarcadère puis à la recherche du poste d'immigration thaïlandais où nous faisons connaissance avec Nicki et Tati, deux allemandes. Nous réglons les formalités de frontière ensemble puis embarquons dans un longboat pour traverser le majestueux Mékong pour 40 THB.
Enfin au Laos !!! 5 jours après mon départ ! Comme il est 12h30 le poste d'immigration laotien est fermé et nous devons attendre le retour du fonctionnaire de sa pause de midi pour faire les formalités : payer US$30 pour le visa laotien et obtenir le tampon sur nos passeports. Pendant ce temps nous discutâmes de nos plans respectifs et avec un Laotien très sympathique des possibilités qui s'offrent à nous. Les filles veulent filer directement sur Luang Prabang et d'après le Laotien, le bus part du terminal (à 7 kilomètres de là) à 17h pour arriver à 5h du matin. Luke voudrait attraper un bateau non-touristique pour descendre le Mékong mais doit bien vite renoncer et se décider à me suivre et chercher un bus pour Oudom Xai (le bus de Luang Prabang y fait halte) et effectivement nous prenons un tuk-tuk/songthaew tous les 4 pour le terminal où un bus local part 10 minutes plus tard (il est quasi 14h) pour Luang Prabang. C'est relativement pratique pour nous car nous devrions arriver vers 20h (le guide dit 6h de route) mais moins pour les allemandes qui ne devraient pas débarquer avant 2h du matin à Luang Prabang et y trouver un endroit pour dormir à une heure pareille ! La route est plutôt récente mais notre bus n'avance pas (il pousse surtout dans les innombrables montées que nous devons affronter : nous sommes dans une pays très accidenté !). La différence est notable bien que n'ayons fait que traverser un fleuve mais le pays est incroyablement plus pauvre. Les quelques villages que nous traversons sont en réalité des hameaux formés de quelques maisons sur pilotis regroupés autour d'une fontaine/douche/lavoir. Il fait déjà nuit noire à 19h quand nous rencontrons la première ville : Luang Namtha où nous nous arrêtons 45 minutes. Enfin nous pouvons nous restaurer ! Nous mourrons de faim dans le bus depuis le départ n'ayant même pas mangé à midi (ni depuis le réveil pour moi). La gare routière n'est pas mieux que celle de Huay Xai même si la ville est sensée être beaucoup plus peuplée : une construction en béton ouverte au milieu d'un grand terrain boueux ou poussiéreux selon l'humidité. Ca pue la campagne, particulièrement agréable en dégustant ma soupe. Plus que 2h de route ce qui devrait nous permettre d'arriver à une heure correcte pour trouver un hébergement. Enfin c'est ce que je pensais. Après avoir traversé le petit bout de plaine entourant Luang Namtha nous attaquons un nouveau massif avec ses pentes qui font bien peiner notre pauvre vieux bus des années 60 qui traverse sans précipitations les routes de crête et des passages à plus de 1000 mètres d'altitude. L'impressionnante clarté de la pleine lune me permet de continuer à contempler le paysage des montagnes laos malgré la nuit noire depuis déjà plusieurs heures. Il sera 23h quand nous nous arrêterons devant le terminal d'Oudom Xai. Première tâche : vérifier les horaires de bus pour Nion Kiaw, notre prochaine étape, le lendemain. Mon guide d'en annonce qu'un par jour à 9h du matin et c'est ce qui est également affiché sur place. Ensuite, trouver une chambre. Pour la plus grande ville du nord du Laos, c'est plutôt déprimant. On se demande presque pourquoi on est pas resté dans le bus : rien à faire ni à voir ici… Du coup la question de repartir dès le lendemain matin ou pas ne se pose pas ! Mais on se demande bien ce qui fait que toutes les guesthouses sont pleines. C'est seulement au bout du 5ème établissement où nous nous arrêtons qu'on a une chambre à nous proposer ! Un peu lugubre et un peu sale mais pour 30,000 Lao Kips (US$3) par personne ça fera l'affaire. Nous ressortons ensuite boire un verre et dîner sans oublier de passer par la banque pour vérifier l'horaire d'ouverture le matin : 8h30. Ca nous fera donc un timing serré : lever 7h30 pour être à 8h au terminal pour acheter les billets de bus puis à l'ouverture de la banque pour enfin changer nos Bahts en Kips et cesser de se faire arnaquer avec le taux de conversion (on peut payer quasi partout en Bahts mais les commerçants pratiquent le taux qui les arrange) et ensuite attraper notre bus à 9h ! Au bord de la rivière nous repérons un très joli restaurant avec terrasse et même de l'animation (2 groupes de jeunes laotiens sont en train d'y dîner) mais on nous refusera sous prétexte que l'établissement ferme. Il semble que les horaires de fermeture ne soient pas les mêmes pour les Laotiens et pour les Falangs (les occidentaux) ! Nous finissons par dégotter un autre local également animé où sont grillées quelques brochettes au barbecue sur le trottoir. Nous nous installons à table et on nous emmène devant un meuble réfrigérant contenant une variété de brochettes (bien une dizaine différentes) pour faire notre choix. Nous en commandons 4 chacun (saucisse, poulet, boeuf) et une Beerlao ; la boisson nationale et ma première bière au Laos. Enfin ! L'appétit venant en mangeant, nous recommandons une fournée de brochettes notamment celle que le serveur était tout fier de nous désigner en nous expliquant qu'il s'agissait de pénis de cochon. Très, très caoutchouteux mais mangeable. Et puis c'est l'heure du repos bien mérité ; Luke avait dormi une partie du trajet en bus mais moi pas une seule seconde.
J6 : Oudom Xai-Niong Khiaw-Muang Ngoi Neua
Le programme minuté se déclenche avec la sonnerie du réveil. Nous récupérons en premier les billets de bus pour $6 chacun et un départ à 9h30 ce qui nous laisse une demi-heure de marge. Nous filons à la banque pour échanger nos Bahts (enfin $200 pour moi surtout que j'ai égaré 1 voire 2 billets de THB500…) et nous ravir de notre situation de nouveaux millionnaires ! Nous rentrons à l'hôtel qui est à mi-chemin du terminal payer la nuit pour la première fois en Kips lao, et il est déjà 9h passée quand nous chargeons nos sacs sur le toit d'une minibus Toyota (monospace LiteAce) qui nous blessera les genoux et nous tapera le cul tout au long des 4h d'une route étroite et mal asphaltée à travers les montagnes et ses villages de crête tout en maisons sur pilotis aux parois de bambous tressés ; vaches, cochons, couvée et autres volatiles s'abritant en dessous. Heureusement une grande partie des locaux descendra en chemin ce qui nous permettra de moins souffrir vers la fin. Nous ne serons plus que les 3 falangs avec Mark, un Suisse, lorsque notre minibus pénètrera dans la plus petite gare routière que j’ai jamais vue. Et sous un soleil torride nous traversons le village (ou même ville) de Niong Khiaw avec notre bardée pour rejoindre l’embarcadère. Il semble que nous devrions arriver à temps pour le bateau quotidien de 14h pour Muang Ngoi Neua. A la billetterie on nous annonce 25,000 LKI et un départ pour 14h30. Ca nous laisse le temps de nous installer sur cette magnifique terrasse pour déjeuner. J’aborde notre voisine de table, une jolie allemande blonde répondant au nom d’Annika avec laquelle nous déciderons au terme des 1h30 de bateau de partager une chambre à 3. Autant le paysage des falaises karstiques à Niong Khiaw était déjà prometteur, autant le trajet en bateau sera le plaisant début d’un séjour paradisiaque ! Le charme de la navigation pour atteindre un adorable village sans accès autre que par la rivière Nam Ou que nous avons remonté au milieu de ces magnifiques paysages. Certes beaucoup de touristes ; les bons plans des guides de tourisme sont connus par tous, et donc des hordes de Laos à l’arrivée de notre bateau pour nous emmener dans leur guesthouse qui doit comporter, pour être le comble du luxe, douche privée avec eau chaude et vue sur la rivière. Pour nous ce sera douche froide commune mais balcon avec 2 hamacs et la vue. Il en faut peu pour être heureux ! Enfin si, il manque encore 2 Beerlaos et la soirée commence de la meilleure des manières. Nous retrouvons pour dîner d’autres compagnons du bateau français et israéliens, tard, trop tard ; la cuisine étant déjà quasi fermée à 21h. Il faut dire que faisant nuit noire à 18h, la soirée commence et finit tôt. Elle ne finira pas si tôt que ça pour moi et avec un mal de crâne carabiné. Luke m’ayant demandé de jouer la mate card, je rentrerai bourré une demi-heure après et prendrai 2 paracetamols qui me permettrons de m’endormir sur le champ.
J7 : Muang Ngoi Neua
Annika qui s’était inscrite pour le bateau qui remonte vers le nord et Muang Khua car elle devait se rentre au Vietnam nous réveillera pour nous dire adieu mais après s’être rendormi, c’est peu avant 12h que nous émergerons. Même pas le temps de se doucher que nous partons pour la balade indiquée dans le Lonely qui mène à plusieurs villages. Au bout d’un quart d’heure-20 min nous arrivons à la première étape : une grotte plutôt longue et non-éclairée dont l’entrée à flanc de roche est cachée par de magnifiques Lis et Poinsettias en fleur. Comme Luke a oublié sa torche nous déambulerons à 2 à la lueur d’une lampe à la recherche de la source au fond de la grotte. Malgré la moiteur assez intense, c’est la boue rendant chaque pas dangereux comme un couperet et l’absence de chemin balisé qui rendront cette descente plus qu’aventureuse. Luke peut en parler, lui qui tombera dans un trou juste de la largeur de sa jambe et heureusement assez profond ; on ne serait pas passé loin de la fracture sinon. Arrivé au bout, c’est à dire au point où le tunnel disparaît dans l’eau, nous faisons demi-tour et il ne sera pas toujours évident de retrouver l’exact chemin par lequel nous sommes descendu. Avec tout ça et plus d’une demi-heure passée au fond il est déjà près de 14h et nous n’avons qu’à peine commencé la balade de plus de 2h30 aller-retour indiqué par le Lonely ! Et il faut être de retour avant la nuit soit avant 17h30 ! Nous reprenons donc la route, évitant soigneusement de franchir la passerelle en bambou menant à un restaurant mentionné également dans le guide, sûrement un attrape-touriste ! Mais en le longeant de l’autre côté de la rivière nous entendons une musique forte et voyons des Laotiens travailler dans la rizière asséchée (elles le sont toutes en ce début de saison sèche-c’est la récolte) ce qui nous intrigue et nous faisons demi-tour. Nous montons puis redescendons un petit escalier pour passer derrière le bâtiment du restaurant sur pilotis et arrivons dans la rizière où, dès qu’ils nous voient arriver, les laotiens nous saluent et nous invitent à les aider à porter les sacs de riz qu’ils remplissent au fur et à mesure avec les grains de riz dans leur enveloppe étalés sur une grande bâche. Cela nous permet des les observer travailler et de les photographier et surtout, pour chaque sac de riz que nous portons sur l’épaule jusqu’à un tas quelques centaines de mètres plus loin, nous recevons un verre de Lao-lao en guise de remerciement. Il s’agit d’un alcool de riz plutôt très fort distillé maison. Ca donne du cœur à l’ouvrage comme on dit ! Nous porterons bien 5-6 sacs chacun en rigolant avec les Laotiens (Luke en portera même 2 en 1 voyage) et nous ferons ainsi connaissance avec Agostina qui, là depuis plus longtemps que nous, se contentait de remplir les sacs et de les fermer avec un nœud fait avec un bout de paille. Une fois le travail achevé les paysans nous invitent à partager le repas avec eux, qui sera un repas très convivial qui nous permettra de déguster quelques spécialités locales dont des tout petits poissons grillés et d’échanger avec nos hôtes autant que leur anglais leur permettait de nous comprendre. Après avoir encore partagé quelques bières, nous prenons la route avec un sacré coup sur la tête : l’alcool fort sous un soleil torride et à jeun n’est pas ce qui se fait de mieux. L’heure avancée (déjà 15h passées) nous permettra à peine de rejoindre une grande plaine de rizière après avoir traversé un gué mais pas même le premier village, beaucoup trop loin. Nous faisons demi-tour et serons vers 16h30-17h de retour au bungalow pour apprécier une douche froide. Un des paysans laotiens nous a recommandé le restaurant de sa sœur, sensé être juste à côté de notre bungalow donc nous n’avons pas manqué d’y donner rendez-vous à Agostina à 19h pour y dîner. Et c’est accompagnée de Nahima, avec qui elle voyage, Grégoire, Aymeric, Camille et 2 filles belges : Marie et Maire qu’elle débarque. La terrasse quasiment réduite à notre table résonnera des bruyantes conversations et rires de notre assemblée bien arrosée de Beerlao et pour terminer le repas (buffle au barbecue) de 2 bouteilles de Lao-lao. Le niveau étant atteint et tous les autres restaurants étant déjà fermé comme la veille, nous nous dirigeons vers l’escalier en béton qui monte au village depuis l’embarcadère où nous commençons la fête au son et au liquide houblonné fourni par une petite cabane où quelques Laotiens dont une femme avec son enfant de 5-6 ans dormant à ses côtés se distrairont en notre compagnie. Enfin ceci concerne majoritairement le reste du groupe ; moi j’ai très rapidement commencé à compter mes doigts de pied assis sur une des marches avant que Luke ne me ramène au bungalow sans oublier un arrêt vidange dans le « caniveau » de la rue principale.

J-8 : Muang Ngoi Neua–Niong Khiaw-Luang Prabang
Autant je me suis endormi directement, autant une fois de plus, comme chaque nuit depuis le début du voyage, je me suis réveillé au milieu de la nuit et le sommeil à partir de là s’est fait plus chaotique. Là encore, comme la veille le combat de chants des coqs et les cris de nourrissons ont déchiré la pays et la tranquillité de la nuit.
J’entends Luke articuler : « wasn’t that the alarm-clock ? ». Je regarde ma montre et effectivement il est 8h ; le réveil a sonné il y a 10 minutes. La première fois que je ne l’entends pas du tout ! Pas le temps de traîner ! Il faut aller acheter les billets pour le bateau de 9h à l’embarcadère, ce dont Luke se charge ; faire les sacs, payer la chambre etc… On achète des provisions et on embarque pour quitter la larme à l’œil ce petit coin de paradis. Une heure plus tard nous voici de retour à Niong Khiaw, le temps de débarquer, monter les marches de l’embarcadère jusqu’à la billetterie, acheter 2 billets pour le bateau de 11h pour Luang Prabang, convaincre Agostina de faire le trajet en bateau avec nous tandis que les autres se rendent au terminal pour rejoindre la ville en minibus. Nous repartons bien vite pour 6h de navigation qui seront sans doute un des meilleurs et des pires moments de mon voyage. A peine 30 minutes après le départ, une violente douleur au côté gauche accompagnée d’une chaleur intense au ventre me fait me sentir extrêmement mal. Sur les conseils de Luke et Agos je m’allonge au fond du bateau ce qui me permet de faire passer la crise –la douleur étant entre temps passée du côté droit. Au bout de 2-3h, mon état sera redevenu suffisamment acceptable pour me réinstaller sur les mini-sièges dahu et profiter du paysage magnifique des falaises karstiques bordant la rivière tout particulièrement au confluent avec le Mékong que nous descendront encore une heure avant d’atteindre Luang Prabang.
Ce jour marquera le début d’une phase de voyage différente ; la préoccupation de mon état de santé due à la peur que cela foute en l’air mon voyage devenant un élément prépondérant dans les choix à venir ; le Lonely Planet insistant sur le fait que le seul service de soin correct du pays étant celui de l’Ambassade de France à Vientiane, la questions de savoir à tout moment à combien de temps je m’en trouve trottinera perpétuellement dans ma tête.
L’arrivée sur Luang Prabang nous offre un sentiment mitigé : vue du Mékong, il semble que ce ne soit qu’une petit village perché en hauteur ; décevant alors que nous nous attendons enfin à une grande ville ! Mais une fois escaladée la pente ardue partiellement recouverte de cultures comme dans n’importe quel village nous arrivons sur une vraie rue bordée d’un côté par les terrasses sur pilotis des restaurants et cafés du bord du Mékong et de l’autre par de très belles façades en grandes parties d’architecture coloniale ! Drôle de sensation ! Première impression : la ville est envahie de Falangs : beaucoup trop !!! Nous traversons la ville et notamment le marché de nuit (il est 17h30, il commence à faire noir !) à la recherche d’un ATM pour Agos et d’une guesthouse pas chère. Peu avant d’arriver à l’adresse trouvée dans le Lonely Planet et déjà assez au sud du centre, un garçon dans la rue nous entraîne à le suivre pour une chambre à 3 avec salle de bain privée pour 25,000 LKI située encore plus à l’écart de la ville (juste 1 minute plus loin comme il dit –enfin une minute laotienne quoi). Nous posons les affaires, ressortons dîner sur un stand du marché de nuit où l’assiette de légumes-pâtes-riz tiède coût 10,000 Kips puis sur internet où je me connecte pour donner de mes nouvelles pour la première fois depuis Bangkok et je laisse mes 2 compagnons profiter de leur soirée et rentre me coucher : il est 21h.