Thursday, September 27, 2007

Temps : J
Ce matin, c'est le grand départ. Le soleil blanc et brillant qui ne réchauffe pas cette fraiche matinée parizsienne de septembre n'a pas beaucoup de comparaisons possibles avec le chaud soleil couchant qui faisait rougir les toits de la gare d'Austerlitz en ce moite début de juillet, il y a deux ans. Plus de points communs entre les états d'âme. Les départs m'ont toujours porté dans des dispositions particulières. C'est avant toute chose une façon d'aborder les évènements à vivre, une disposition à vivre au maximum toutes les expériences qui me seronnt ouvertes. Mais s'il y a une différence notable, je veux souligner la tranquilité d'esprit, le calme, l'absence-ou du moins une excitation moindre avant d'aborder ce voyage. Est-ce l'accumulation des expériences précédentes, la répétition générale de départ de la veille, avoir quelqu'un pour m'attendre à l'aéroport à l'arrivée... ? Je ne sais. Je n'ai pas échappé, dans les jours, les semaines précédentes, à l'habituelle remise en question, les interrogations, la peur, les scenarri délirants de mon imagination... Mais à tout cela a fait place aujourd'hui le calme apaisant et routinier comme pour me rendre au travail un matin banal.
Cette fin d'été est conforme aux derniers mois : il fait froid et moche. Ce n'est pas le temps espéré à Mexico City.
Chaque nouveau vol en provenance ou à destination des Etats-Unis est source de découverte de nouvelles procédures folkloriques. cette fois, ce n'est pas la fouille-radar-rayons X qui fut "upgradée" ; celle-ci se déroula en dernier lieu sans encombre, et fut rapide. C'est le "check-in" qui containt son lot de surprises. Tout d'abord un nombre impressionnant de barrages à franchir. Dès le premier, on regarde vos sacs et on vous pose une liste de questions stupides : "D'où venez-vous ?" - "De chez moi." (question métaphysique...). "Qui a préparé vos bagages ?" - "Moi." (Mon esclave personnel, pourquoi ?) "Avez-vous accepté quelque chose d'un étranger ?" -"Non." (Mais bien sûr, ma mère m'a bien élevé et m'a appris la politesse comme tout le monde et notamment à toujours accepter les présents d'un étranger !) Ensuite on vous reprécise de ne pas avoir de liquide dans son bagage à main. Puis on vous "tag" tous vos sacs avec de magnifiques petits auto-collants ICTS qui ne tiennent pas. Une deuxième barrière est constituée de machines d'enregistrement électronique où on vous demande de scanner votre billet électronique ou votre passeport. La machine affiche alors toues les informations qu'elle a sur vous, que vous validez ainsi que votre destination et vous pouvez ou non choisir votre siège. Je ne l'ai pas fait. Elle vous imprime enfin un deuxième billet (enfin le troisième en ce qui me concerne). Troisième poste de contrôle où l'on vérifie le billet que la machine vient de vous imprimer. Bon... !?! En dernier lieu, le traditionnel comptoir vous attend pour poser votre bagage de soute sur le tapis roulant. 15 kilogrammes ; petit voyage ! Nouveau té, on me demande d'emballer mon gros sac type rando avec ses lanières dans tous les sens dans un gros sac plastique transparent. Le reste n'est plus de nouveau que routine, on vous repose les questions sur les préparateurs de sac et les gens qui mettent des objets dans les sacs à votre insu. Arrivé devant la passerelle de l'avion, l'on m'annonce que je n'ai pas de place. PAS DE PLACE ??? Il faut que je me rende au comptoir dans la salle d'attente pour retirer ma place. Je m'y rends donc et l'on me donne une carte d'embarquement en échange de mon troisième billet en papier. Quatrième billet donc. J'avais même eu le droit à des annonces aux haut-parleurs pour ça. J'aurais du demander un siège à la machine donc. Mais pourquoi l'option contraire m'était-elle proposée dans ce cas ?
Je suis assis dans l'avion emmitouflé dans la couverture, qui me protège un peu du froid glaçant de la climatisation, entouré du va-et-vient des hôtesses dans les couloirs du Boeing 777.
Un voyage ne vient jamais sans surprise, en tout cas semble-t-il. Après 8 heures de climatisation polaire, je sors harrassé et déjà bien fatigué sous l'écrasante chaleur des 33°C de Washington DC. L'équipage à bord nous à répété une dizaine de fois la procédure pour entrer sur le sol américain. Fort de mon expérience de l'administration américaine, je m'apprête donc à affronter les barrages de la douane, de l'immigration, de récupération et de ré-enregistrement des bagages avec le passage déchaussé aux rayons X qui va bien. Je ressors indemne de tout ça avec un beau droit de séjour de 3 mois. Même quand on ne fait qu'un changement de vol, c'est comme si on entrait sur le territoire. L'avion était en avance, j'ai plus de 2h30 devant moi pour effecture ma connexion. Tout devrait donc se dérouler sans ambage. A moins que... J'arrive enfin aux panneaux d'affichage des départs. Je mets un moment avant de comprendre que les vols ne sont pas classés par horaire de départ mais par la destination ; M...M...Ma...Me...Mexico City ; ....canceled. WHAT ? On me dit d'aller me renseigner auprès de United Airlines. Je suis porte C4, c'est à la porte C25. Je parcours la distance, là on me dit d'aller voir le service clientèle en C19. Les hôtesses prennent ma carte d'embarquement, trifouillent dans leur ordinateur pendant 5 à 10 bonnes minutes. Je finis par demander que l'on daigne m'expliquer. Mon vol est annulé (j'avais compris ça...), on m'a mis sur un vol de Continental Airlines pour Houston où j'aurai un autre vol pour Mexico. Je me renseigne pour mes bagages. Elles sont transférées automatiquement, me dit-on. Je demande à quelle heure le nouveau vol arrive à Mexico. 11h15. Plus de 2 heures après l'heure prévue initialement. J'explique qu'une amie doit venir me chercher à l'aéroport et qu'il faut que je la prévienne. Donnez-moi le numéro, nous allons l'appeler. Je finis par demander la raison de l'annulation. Raison mécanique, me répond-on. Je sors le numéro de Cecilia et je l'indique à la personne en face de moi. Problème de chiffres. Ils ne savent pas appeler le Mexique et moi je ne m'y retrouve pas dans les codes nationaux et codes régionaux... Nous finissons par appeler les renseignements qui nous confirment que le code pour le Mexique est +52, ils nous mettent en attente et ne nous reprendront plus. Nous poursuivons nos essais infructueux et après une dizaine de tentatives mon interlocuteur m'annonce qu'il a compris et qu'il faut un 1 entre le code du pays et le code pour Mexico City. Il appelle, cela sonnne, mais personne ne décroche. Sa collègue me presse. Il faut que je parte. Je ne comprend pas, mon vol pour Houston est dans plus d'une heure ! Mais c'est au départ d'un autre Terminal, m'explique-t-elle, et il faut prendre le Shuttle. Je pose la question d'une éventuelle compensation financière. On me donne le numéro de téléphone du Service Client que je dois appeler. Je rétorque que je quitte les Etats-Unis dans 1 heure (le Texas, c'est plus vraiment les US) et que je n'aurai ni le temps ni l'occasion d'appeler. On me dit qu'à ma nouvelle porte d'embarquement je pourrai appeler mon amie et le Service Client. Je quitte donc le compoir pour rejoindre le Shuttle qui part de la porte C16. Arrivé au Terminal B puis à la porte B25, je me mets en quête d'une personne de United. United est au Terminal A, je ne veux pas perdre mon temps à aller à encore un autre Terminal et m'adresse à la personne de Continental qui s'avère être une charmante américaine d'origine péruvienne. Je détaille mon problème craignant qu'elle me renvoie à United pour passer mon fameux coup de fil à l'international. Elle prend mon nouveau billet-bout de papier fourni par United et me sors une énième carte d'embarquement (je ne les compte plus !) en double exemplaire bien évidemment : Washington Dulles-Houston et Houston-Mexico City. Tout ceci prend un temps certain, temps à farfouiller dans l'ordinateur, toujours. Je réexpose ma requête téléphonique, lui montre le numéro qu'elle compose et me passe le combiné. "Hola Cecilia, soy Renaud."
-"Renaud. Que onda ? Que pasa ?"
-"No lo vas a creer..."
Je lui explique la situation, lui communique le nouvel horaire. Elle me dit qu'elle sera là. J'insiste pour être sûr que ce nouveau report ne lui pose pas de problème. Elle répond par la négative. Bon. Au moins ça de fait. Ouf ! Je m'adresse une nouvelle fois à l'hôtesse péruano-américaine et lui demande d'appeler le numéro du Service Client qui m'a été donné. Elle s'exécute. Et je suis reparti pour une dizaine de minutes d'explication téléphonique de ma situation. Après avoir fourni tous les renseignements demandés et surtout après avoir réussi à faire comprendre ma requête, la voix au bout du fil m'annonce une compensation de $175 que je recevrai par la poste à mon adresse que l'on me demande d'indiquer. Il a bien évidemment été nécessaire d'épeller lentement, un par un, tous les mots de mon adresse -ce que j'avais déjà du faire pour mes noms et prénoms- : rue, Friant, etc, y compris le pays : France. Il ne m'a pas demandé d'épeller Paris, tiens... Il y a des jours comme ça où on apprécie grandement le fait de parler anglais couramment... Déjà 5pm, le vol est à 5:15pm mais l'embarquement n'a toujours pas commencé, bizarre... Rapidement, une annonce est faite aux haut-parleurs : suite au re-booking du vol annulé par United, il n'y a pas assez de repas prévu à bord et donc les passagers pour Mexico en question doivent se présenter au comptoir pour recevoir un "Meal Voucher". Un avoir. Une file se forme et je retire mon papier-bon pour un repas d'une valeur de $8, utilisable ici ou à Houston. Plus trop le temps de l'utiliser ici... On procède à l'embarquement avec du retard, l'embarquement s'éternise. Les portes de l'avion se ferment enfin. Le taxi et la file d'attente pour décoller sont relativement long. L'appareil décolle finalement, il est 6:20pm. Unhe heure de retard ! Sachant que l'intervalle entre mes 2 vols à Houston est de 1h13... Je commence à paniquer et imaginer encore un retard voir pire, si le vol pour Mexico ne nous attend pas... Une fois en l'air je questionne l'hôtesse. Elle ne comprend pas ma question et m'énonce qu'il est impossible de garantir l'horaire d'arrivée ou de faire attendre une connexion... J'en viens à comprendre que nous n'avons décollé qu'avec une dizaine de minutes de retard et que nous devrions être à l'heure à Houston. Me voilà bien rassuré. Maudit Central Time. Une heure de moins ! Comment vouslez-vous vous y retrouver?
A Houston, la fatigue commence à m'anéantir, je file directement à ma nouvelle porte d'embarquement pour m'informer sur l'heure prévue. 8h18pm ce qui me laisse plus de 20 minutes pour utiliser le Voucher dans le Wendy's que j'ai aperçu en passant dans le Terminal. J'y vais par nostalgie, le souvenir du seul fast-food qui ne m'ait pas écoeuré au bout de 5 mois aux US. Je commande le fameux Tripple avec trois steaks... miam... beurk. Je ne sais pas si j'ai déjà mangé un aussi mauvais fast-food dans ma vie. Les frites avaient un goût d'huile de moteur et je n'ai pas réussi à finir le burger. Nous embarquons enfin et c'est un changement total d'environnement, l'avion est le même (737) la compagnie est toujours Continental, mais les passagers sont presque exclusivement Mexicains. J'ai le droit à toutes les annonces de bord en Mexicain puis en Anglais et l'Espagnol chatouille enfin mes oreills lorsque mes voisins conversent. A peine assis je me mets en position et j'essaye de dormir. J'aurai essayé 2h15 durant, sans recontrer un succès franc. Un peu moins de 30 minutes avant l'aterrissage, l'avion amorce sa descente et je commence à regarder par le hublot. Je savais l'arrivée sur la Valle de Mexico intéressante. Elle est magnifique, Mexico est immense et paraît un joyau, reluisant de lumières de mille couleurs, peint à même le relief. C'est tout simplement splendide. En descendant encore on remarque la deuxième caractéristique la plus importante de la ville. Les bouchons. Toutes les rues et grandes artères sont pleines de circulation et les feux avants et arrières des automobiles ajoutent aux nombreuses lueurs de la ville.
Avec 15 minutes de retard je sors de l'appareil pour me m'entretenir une fois de plus avec mes grands amis de la douane et de l'immigration. Les tapis roulants sont déjà en marche, mais mon sac n'y est pas... Pas étonnant avec tous ces changements ! C'est l'angoisse pendant la dizaine de minute, temps qu'il mets à enfin appraître. Un nouveau soulagement. A la douane, dernière étape, je vais pour sortir mais l'officière me rattrape pour me demander de presser un bouton. Un bouton ? Pourquoi un bouton ? J'imagine que c'est pour compter les personnes qui passent. Je presse donc le bouton en question et un affichage rouge indique : Revisar. L'officière me demande donc de me mettre à l'écart et j'ai le droit à une vérification courte de mes sacs, vu le peu d'intérêt que les douanes portent à mes vêtements.
Je sors donc par la sortie la plus proche et fait un peu le tour avant d'apercevoir enfin la Chevrolet Corsa grise de Cecilia que je suis soulagé et content à un point inimaginable de trouver. 20 minutes plus tard (en heure de pointe cela aurait été 2 heures, me dit-elle), à l'autre bout de la ville, nous nous arrêtons en face d'une haute porte métallique, presque une porte de prison, qui protège l'entrée d'une résidence privée d'une vingtaine de maisons, lieu de résidence classique pour la classe moyenne-haute. Nous discutons un peu dans la cuisine ou j'essaye sans y parvenir à hydrater ma gorge desséchée par 17 heures de climatisation donc 13 heures de vol. Un lit confortable et large m'attend et il est 1 heure du matin, 24 heures après m'être levé ce matin. Je m'endors.

1 comment:

maman said...

Eh bien voilà un voyage qui s'annonce riche en péripéties, ce qui n'a pas trop l'air de te déplaire. Je note cependant que je t'ai bien élevé (je le savais) et que tu n'acceptes pas les cadeaux des étrangers, c'est bien mon petit