Friday, April 13, 2012

J22-J25


J22 : Don Det
Lever beaucoup plus matinal (9h) pour départ à 10h, nous louons des vélos au coin de la rue et descendons vers le sud de l’île par la piste est puis vers l’île suivante Don Kon, les 2 étant reliées par un pont. Il s’agit d’une ancienne voie ferrée construite par la France à l’époque coloniale pour faire du Mékong l’axe commercial de l’Asie du Sud-Est et pouvoir remonter jusqu’en Chine. Pour atteindre cet objectif, les nombreux rapides qui entourent les 4000 îles et notamment à l’ouest de Don Kon étaient un problème et furent donc construits 2 ports pour décharger puis recharge les bateaux à la pointe sud de Don Kon et à l’est de Don Det et entre les 2 une voie ferrée de 10 kilomètres avec un pont entre les 2 îles. C’est le but de notre balade. En descendant Don Det nous apercevons le Jungle Bar où une soirée est organisée le soir même ; ça fait tout de même un peu loin (15 minutes de marche depuis notre bungalow), nous traversons le pont et feintons le péage d’entrée de l’île, puis un chemin caillouteux sur lequel à part quelques touristes à vélos, nous croisons nombre de mini-bus/Sawngthaew qui descendent les groupes de touristes (dont un paquet de Chinois) faignants ou gros à l’extrémité sud de l’île pour y prendre un bateau et aller voir les dauphins de l’Irrawady, une espèce de dauphin d’eau douce menacée, puis les emmener aux chutes La Phi (« des esprits »). Arrivés au point le plus méridional de l’île (l’un des plus méridional de tout de Laos) on nous propose le tour en bateau mais nous refusons malgré la fascination de la vue sur les nombreuses îles et le Cambodge, de l’autre côté, où nous nous rendons le lendemain. Puis nous reprenons les vélos à la recherche de la route longeant la côte ouest pour nous rendre aux chutes. Par hasard le chemin nous même à une belle plage avec un restaurant où tous les kayakistes sont réunis dont les 3 Allemandes de notre Guesthouse à Vang Vieng. Le tour de kayak d’une journée incluant deux chutes sur le Mékong et l’excursion dauphin semble comporter bien plus de marche et de temps morts que ces personnes ne l’avaient imaginés. Lucie reste là mais Luke et moi décidons de remonter le Mékong en sautant sur les gros rochers qui le parcourent à cet endroit pour rejoindre la cascade pour éviter de devoir payer l’entrée. Mais c’est quasiment l’heure la plus chaude de la journée (14h) et il semble que la cascade soit bien plus loin que prévu, aussi, nous finissons par renoncer. Une fois de retour à la plage nous somme bien en sueur ; le moment idéal pour un bain dans le Mékong. Lucie en fait de même et je trouve le moyen de m’écorcher le pied. Pas vraiment ce dont j’avais besoin avec déjà toutes celles de Vang Vieng. Nous reprenons nos bicyclettes pour enfin arriver aux chutes qui finalement ne coûtent que 1000 Kips –beaucoup d’efforts pour rien donc, enfin pour la beauté du Mékong à cet endroit paradisiaque. Nous admirons donc les chutes, pas très hautes (2 à 3 mètres) mais très large et surtout puissantes. A la saison humide cela doit être vraiment impressionnant ! Nous rejoignons la pointe nord de l’île, traversons le pont et suivons la voie ferrée jusqu’au ré-embarcadère, on pourrait dire, situé sur la côte est de Don Det, à peu près au milieu et qui sert maintenant de base de départ pour les minibus dont j’ai parlé plus haut. Arrêt suivant : la guesthouse pour une douche bien méritée et pour payer notre séjour : 3 nuits à 25,000 soit 1,25€ la nuit ! mais on ne peut pas trop se délasser car il faut être à 16h au « Pai in Laos » qui organise tous les soirs un tour en bateau gratuit pour admirer le coucher du soleil sur une toute petite île –limite un banc de sable. Nous gardons donc les vélos pour nous y rendre plus rapidement, tellement rapidement que je roule sur un poulet le tuant à moitié. C’est cons les poulets. Et je parle pas des coqs ! 2 bateaux chargés de gens, d’une glacière pleine de bières pour déguster sur place, et de pas mal d’herbe avec La en figure de proue de l’une, et navigation de 20 bonnes minutes pour atteindre la fameuse île de sable au milieu du Mékong. En arrivant, on s’installe sur le sable, chacun se saisit d’une bière ; les conditions idéales sont réunies pour apprécier à sa juste valeur un coucher de soleil enchanteur. Une fois de retour au « Pai » nos estomacs gargouillent tellement que nous filons dare-dare ) notre canine pour y déguster une dernière fois les merveilles culinaires de la maîtresse de maison. En plus, nous sommes devenus de vrais bon clients, nous y avons nos habitudes à présent : de plus grosses portions épicées à souhait (« Makh-Té ») nous sont préparées et la veille la cuisinière nous avait offert d’acheter du poisson le lendemain matin pour que je puisse enfin essayer une de ses spécialités à base de poisson (jusque là nous étions limités au bœuf et au poulet). Ce sera donc le cas pour cette soirée de fête avec 3 belles tranches de poissons frits du Mékong –Luke se satisfera une fois de plus de son curry-coco et Lucie ne pourra pas terminer sa salade de papaye mais sans papaye et avec du concombre : trop pimenté ! Mauvaises habitudes que les nôtres ! Nous repassons au bungalow et Luke, un peu malade, ira se coucher directement, nous laissant Lucie et moi aller seuls, dans l’obscurité la plus totale, au jungle bar avec nos bicyclettes. Il s’agit d’une maison en bois au milieu d’un terrain, barbecue et feu de bois dehors, tables basses et coussins pour s’asseoir à même le sol « dedans » -assez similaire au « Pai » finalement. J’y retrouverai Casey, l’Australienne, discuterons avec un cuisiner français qui a acheté le terrain voisin et y a fait construire sa maisons il y a 3 ans. L’appel du lit se fait bientôt plus fort surtout que Lucie part à 9h pour son excursion en kayak et nous avons décidé d’enfin nous rendre au Cambodge et nous voulons profiter du bateau des groupes ayant acheté un bus direct auprès d’une agence, soit 9h30. La soirée se terminera tout de même à tchatcher dans les hamacs de notre balcon. Que la vie est dure !

J23 : Don Det – Kompong Cham
Le réveil sonne mais je me rendors puis émerge vers 9h10. Il faut faire vite ! Mais je cherche Luke et Lucie en vain. Une fois sur la rue principale je les trouve en train de boire un iced-coffee. Je demande à Lucie si elle n’avait pas rendez-vous à 9h. Elle me répond : « oui, quelle heure est-il ? » Je lui dit 9h15 alors elle part en courant au lieu de rendez-vous en nous criant au revoir de loin. Nous retournons prendre nos affaires à la guesthouse et il est 9h35 quand nous nous pointons sur la plage qui sert d’embarcadère : pas un chat ! Nous regardons un peu aux alentours et cherchons un éventuel groupe. Rien. On nous apprend que les rendez-vous des groupes pour le Cambodge étaient à 8h. Bon. Un jeune Cambodgien qui travaille pour l’agence de voyage/bus devant laquelle nous nous trouvons nous explique qu’il n’est pas possible de traverser la frontière par nos propres moyens avec les transports locaux. Il finit par me convaincre et moi Luke et nous lui achetons le billet qui inclut bateau/minibus/bus jusque Stung Trep, la première grande ville derrière la frontière pour US$15 sous la promesse qu’il appelle son chauffeur (nous supposons le même que celui de ceux qui sont partis à 8h ce matin) pour qu’il nous attende. Le prix est tout de même une arnaque mais frontière rime souvent avec arnaque… Après très peu d’attente nous embarquons à deux dans un longboat local (c’est à dire plus étroit et sans siège) et 10-15 minutes après nous remontons la berge. Le marinier ne nous suit pas et nous indique seulement la route principale. Nous montrons notre billet et on nous invite à aller un peu plus loin. Arrivé au restaurant qui fait office de billeterie/terminal de bus, nous trouvons déjà des gens installés et on nous informe que le bus ne devrait pas tarder. En face, même chose pour le restaurant/terminal sûrement d’une autre compagnie dont je questionne les personnes. Ils sont bien un de ces groupes partis à 8h du matin de l’île et deux heures plus tar ils n’ont fait que traverser le Mékong. Et dire que la plupart vont à Siem Reap et ont encore 10 heures de bus devant eux ! Quant à nous, nous attendrons une petite demi-heure qu’un minibus arrive sur lequel nos sacs sont arrimés avant de nous entasser à 12 dedans. Heureusement que la frontière n’est qu’à 20 minutes de route. Une toute nouvelle arche est en train d’être construite que nous contournons pour nous rendre aux guichets de sortie du pays pour commencer une intense série de soutirage d’argent de la part des officiers des frontières. Au Laos, pour obtenir le tampon de sortie, on nous demande 20,000 LKI parce que c’est dimanche. Une fois passé sous une barrière nous marchons 200 mètres à travers le No Man’s Land avant de tomber sur une femme derrière une table au bord de la route. On exige de nous US$1 et on nous donne un papier à remplir tout en prenant notre température (pour la grippe aviaire sans doute) puis on nous invite à nous diriger vers une maison en bois de l’autre côté de la rue : le bureau des visas. Là, nouveau papier à remplir (carte d’entrée/sortie du pays), l’officier me parle en français ; ce qui fait bizarre après n’avoir rencontré jusqu’ici de tout le Laos uniquement un vieux mafieux qui parlait français ; et demande une photo et US$23 (normalement c’est 20) plus $2… parce que c’est dimanche ! Les formalités effectuées nous chargeons nos sacs dans le bus qui nous attend de l’autre côté. Il semble que nous soyons les seuls à vouloir nous arrêter à Stung Trep – tous les touristes vont directement à Siem Reap. 20 minutes plus tard quand tout le monde a terminé ses formalités et est monté dans le bus, plein à craquer, il se met en route. Rapidement le bus s’arrêtera pour faire monter des femmes et des enfants, à qui Luke et moi cèderons nos places et nous serons donc assis dans le passage central sur des petits tabourets. Un des employés du bus, très sympathique et parlant un anglais correct nous fera la conversation et nous enseignera nos premiers mots en Khmer. Il descendra à Kratie –car entre temps un de ses collègues a réussi à nous vendre le billet pour que nous prolongions le trajet jusque Kompong Cham. Mais mon idée est arrêtée, je vuex voir cette ville avec l’unique pont sur le Mékong de tout le Cambodge. Premières impressions du pays depuis la fenêtre du bus : le soleil tape, il fait chaud et tout est plat. Incroyablement plat. Les rizières agrémentées de palmiers à perte de vue sont remplies d’eau contrairement au Laos où le riz était déjà récolté et où les paysans faisaient les foins. La nuit tombe à peine quand nous traversons l’impressionnant pont sur le Mékong, le bus continue, continue, continue, ne semble pas vouloir s’arrêter jusqu’à ce que je demande : ils nous avaient oubliés ! Et maintenant nous somme à 2-3 kilomètres du centre, et pas 1 kilomètre comme les employés du bus nous disent alors que nous essayons de faire en sorte qu’ils nous payent le tuk-tuk pour le centre-ville, mais pas moyen.  Tout d’un coup quand il s’agit d’argent, plus personne ne parle anglais ! Nous marchons donc vers la ville plusieurs minutes avant qu’un vieil homme sur son scooter s’arrête et propose de nous emmener. Nous essayons à 3 avec nos 2 backpacks sur le scooter mais ça ne sera pas possible et finalement un autre chauffeur s’arrêtera aussi et nous négocions $1 pour les 2  Nous découvrons LE moyen de transport du Cambodge : la moto ! Au bord du Mékong, nous finirons par dégoter une guesthouse miteuse, la chambre la plus pourrie où j’ai dormi de tout le voyage que nous n’arriverons même pas à négocier à moins de $4… La première activité fun sera la chasse au cafard dans la salle de bain pour pouvoir prendre une douche. Nous sortons ensuite dîner et suivons le conseil du Lonely Planet du dîner pour la bonne cause. Un peu plus loin au bord du fleuve se trouve le restaurant Smile tenu par une ONG qui a pour but de former de jeunes Cambodgiens aux métiers de la restauration. Nous serons tout simplement bluffé. Pour une première expérimentation de la cuisine Khmer, nous aurons le droit à un régal des papilles, le tout pour un prix plus qu’abordable ($4 le plat) du coup nous n’hésitons pas à prolonger le plaisir et la générosité avec dessert et whisky pour digérer. Au final l’addition de $10 par personne en fera le repas le plus cher de notre voyage jusqu’à présent mais ce sera sans le moindre regret. Luke tombera en extase pour le lok-lak : du bœuf sauté avec un œuf au plat agrémenté d’une sauce sel-poivre-citron. Quand le poivre est aussi bon que celui qu’on trouve au Cambodge, c’est un régal. Les autres plats de la carte sont tout aussi réussis : on sent la recherche de la finesse et l’équilibre dans la moindre des sauces, y compris un curry de base. Il fera bon contempler le ballet des geckos sur les murs du restaurant une fois la nuit tombée. Du coup il est près de 23h quand nous sortons du restaurant à la recherche d’un distributeur de billets où nous ne pourrons retirer que des dollars (ce qui sera le cas dans tout le pays : étrange un pays où les distributeurs de billets ne fournissent pas la monnaie locale !) Il faudra donc retourner le lendemain à l’heure d’ouverture pour changer nos dollars en Riels au guichet. Pour demain aussi internet. Il est définitivement trop tard pour trouver une échoppe ouverte et tandis que nous longeons un « bar » local ouvert dans une arrière rue sombre à la terrasse duquel quelques jeunes Cambodgiens sirotent quelques bières, nous les entendons nous appeler : « Hello ! » Même dans l’obscurité, deux occidentaux qui passent dans la rue ne passent pas inaperçus. Nous nous décidons à répondre à leur sollicitation pour une ou deux bières. Le groupe de jeunes (5 garçons et 2 filles) sera enchanté bien que ne parlant pas tous anglais de commander plusieurs carafes de bière pour nous arroser avec abondance et tandis qu’un mec gay au moyen d’une papier mal écrit en anglais me fera comprendre que je plais à sa sœur, la plus jolie des 2 filles (ils savent être directs quand la langue pose problème, je l’avais déjà noté au Laos), un autre gay plus extraverti, limite ladyboy passera toute la soirée à faire des avances concrètes (il se montrera très tactile) à Luke malgré la clarté du refus de ce dernier. Mais face à leur gentillesse et leur générosité (un des mecs payera la bière pour tout le monde) nous décidons d’oublier les plans de visite du lendemain et d’aller en boite de nuit avec eux. Nous montons à 2-3 personnes par scooter (le leur pour eux et celui d’une chauffeur pour nous) et nous traverserons le pont une deuxième (puis plus tard une troisième), la boite se trouvant sur l’autre rive. Ce sera une expérience inoubliable. Nous fûmes bien évidemment les seuls occidentaux de la boite et donc l’attraction de la soirée. Ce fut très amusant de faire la fête, danser et boire avec eux. Une fois de retour en ville, un des mecs me fît encore plus clairement comprendre que la jolie fille avait besoin d’un toit pour passer la nuit et je lui offrirai donc le mien –même si elle ne s’attendait sûrement pas à ce que nous logions aussi piteusement- et Luke découvrira les joies de la  « mate card » balcon.

J24 : Kompong Cham – Phnom Penh – Kampott
Au réveil avec peu d’heures de sommeil –il n’est encore que 9h- la première chose que la miss fait est d’appeler quelqu’un sur son téléphone portable. Peu de temps après je comprends que ses amis ladyboy et celui qui m’a poussé dans ses bras sont venus la chercher -au moins ce n’est pas pour me tomber dessus. Luke attend déjà désespérément depuis plus de deux heures de pouvoir réintégrer la chambre, le soleil l’ayant réveillé et la chaleur l’empêchant de dormir plus avant. Il sera dur de convaincre les 3 que nous ne souhaitons pas sortir petit-déjeuner avec eux de suite, qu’il nous faut nous laver et dormir encore un peu. Je leur dis que nous pourrions nous retrouver dans 1h-1h30 mais la barrière de la langue est très grande et finalement nous nous séparons. Je m’allonge pour une petite sieste d’une demi-heure qui deviendra une sieste de trois heures. Il est midi passé soit l’heure de sortir déjeuner au Smile. Avant nous passons à la banque changer notre argent. La qualité du repas sera encore une fois loin de nous décevoir. Nous faisons le tour des 3 compagnies de bus pour savoir laquelle offre le premier départ pour Phnom Penh et à 13h, la dernière à laquelle nous demandons a un départ 15 minutes plus tard. Le timing est donc plus que serré pour repasser à notre guesthouse faire les sacs, payer la nuit et revenir. Nous prenons tout de même les billets en nous faisant assurer que le bus nous attendra. Il nous faut plus de 10 minutes pour rentrer à pied. Puis on nous demande $10 au lieu de 4 pour la nuit sous le prétexte que nous n’avons pas fait le check-out avant midi. Après une longue négociation nous nous entendons sur 16,000 Riels ($6). Il nous reste moins de 5 minutes pour retourner à l’agence de bus, aussi le gérant de la guesthouse qui voit que je cherche une moto, prend la sienne, fait 200 mètres, revient avec une autre et nous y emmène pour R2000 par personne. En arrivant un bus est stationné mais des européens nous indiquent que c’est celui qui vient de Phnom Penh duquel ils descendent juste. Dommage, le père avait 3 filles tout bonnement magnifiques… Nous leur recommandons le Smile puis on nous indique un minibus dans lequel nous devons monter, nos sacs entassés dans le minuscule espace à bagage de 20 centimètres entre la porte du haillon et le dossier de la banquette arrière sur laquelle nous nous installons. Il y avait bien un bus mais comme il est plein on aura le droit d’être entassé dans un minibus. Un des arrêts sera à Skuon, célèbre pour ses araignées frites qu’essaieront de nous vendre plusieurs de la horde de vendeurs assaillant notre bus à son arrivée au terminal –la plupart des petites filles extrêmement démunies qui n’ont que des mangues, papayes et ananas pelés et découpés dans un mini-sac plastique- mais nous n’oserons pas goûter. En fin d’après-midi nous atteignons enfin Phnom Penh, la montagne de Penh –du nom de la vieille femme sensée avoir fondé la ville. Le choc est radical ; après n’avoir pratiquement pas vu une ville digne de ce nom au Laos ainsi que quasiment aucun véhicule privé, ici c’est une vraie métropole asiatique envahie d’autos et de vélos, scooters et autres moyens de transport qui se faufilent les uns entre les autres au pied de gigantesque tours, la plupart en construction –la Chine investissant massivement dans la capitale cambodgienne ces dernières années, rachetant des surfaces en masse soit pour les construire soit pour les revendre avec une grosse marge. A cause des rues complètement bouchées, il nous faudra plus d’une heure pour atteindre le mont Penh avec son temple, le chauffeur du minibus ne nous déposant même pas au Psar Thmei, le vieux marché, centre de gravité de la ville et surtout point de départ de tous les moyens de transport longue distance où nous espérions trouver un bus directement pour Kampott où j’ai pour mission d’acheter du poivre. En effet cette population énorme, cette activité débordante, ce stress intense ne nous poussent qu’à fuir cette métropole tels de petits animaux apeurés.
Comme c’est étrange de décrire ses première impressions d’un pays qu’on a déjà quitté…
Du temple, les tuk-tuks demandant $3 pour nous amener au vieux marché, nous nous y rendons à pied : il nous faudra un gros quart d’heure de marche. Là, le premier chauffeur de tuk-tuk qui nous aborde, Monsieur Hout, nous apprend que les minivans pour Kampott ne partent pas du Psar Thmei, contrairement à ce qu’indique le Lonely mais d’un autre marché plus au sud-ouest. Je cherche d’autres personnes pour confirmer cette information –qui s’avèrera exacte- et Luke négocie finalement avec lui pour qu’il nous y emmène à un prix honnête et nous aide une fois là-bas à trouver un minivan pour Kampott et nous obtenir le prix payé par les locaux. Le tuk-tuk coûte $3 pour les deux, quant au minivan ce sera $5 –un peu cher pour un prix de local mais bon, si nous voulons absolument être à Kampott ce soir, il faut y mettre le prix. Enfin quand on voit le confort offert, c’est tout de même un peu surévalué. En effet, le minivan en question est plein à rabord avant même que nous arrivions –non de gens comme nous en avions l’habitude jusque là mais de chargements divers : meubles, paniers gigantesques, sacs de riz, matériaux de construction, … Le haillon doit être maintenu par des sangles. Nous regardons par la porte latérale où nous sommes sensés nous asseoir : il reste une banquette sans dossier et passablement défoncée. Là, je m’installe à côté d’une mère portant sa petite fille malade sur ses genoux. Luke sera encore plus inconfortable : derrière moi, assis sur une planche de bois, les jambes repliées sur la poitrine, dos à la fenêtre. Le départ, prévu à 19h, se fera avec la demi-heure de retard règlementaire. La durée du trajet sera supérieure à celle annoncée, comme d’habitude, avec de nombreux arrêts pour faire monter/descendre de nombreux passagers. Ce sera d’ailleurs le cas à peine 5 minutes après le départ. Nous pensions que le minibus était plein. Erreur ! Les « sièges » sur le moteur, dos au conducteur n’étaient pas tous occupés. Au plus fort de la fête, nous serons jusque 14 personnes en rang d’oignons. Heureusement, plus nous approchons de notre destination, moins de personnes restent à bord et nous découvrirons le confort de l’inconfort mais avec de l’espace ! A un des nombreux arrêts, la mère descend du bus et me met sa fille dans les bras le temps qu’elle achète quelque chose. La pauvre petite fille malade dort et ne se rend compte de rien. Il est 22h passées quand on nous dépose, nous les 2 derniers passagers du minivan, dans une rue d’une petite ville sensée être Kampott. Avec la carte du Lonely Planet et une forte dose d’intuition, je comprends où nous sommes et devons suivre une enfilade de rues non-éclairées pour rejoindre le coin de la ville où se trouvent hôtels et restaurants. En effet, à cette heure aussi indue, deux priorités s’offrent à nous : trouver un endroit pour manger et un pour dormir. Difficile d’en prioriser un par rapport à l’autre mais nous nous accordons sur l’ordre chronologique. L’idée de départ de manger les fameux spare ribs « Rusty Keyhole » (dont Luke avait l’eau à la bouche depuis qu’un mec à Don Det les lui avait recommandés) avait, le trajet du bus s’éternisant, été raisonnablement considérée comme non-réalisable mais nous commençons tout de même par nous renseigner au fameux restaurant. La cuisine est déjà fermée ce qui est peu surprenant. Nous tentons un deuxième restaurant baptisé d’après un personnage du Livre de la Jungle dont la propriétaire/gérante anglaise était en train de former deux serveuses –tout particulièrement leur anglais- qui nous donnera quelques conseils : un endroit pour dormir et le seul endroit encore ouver pour manger. Nous nous y rendons : un pub anglais, le « Red Bar » dont la femme du propriétaire, une cambodgienne, nous invite à faire nos courses le lendemain à côté de son restaurant de cuisine khmer et à y manger ensuite. Nous ingurgitons bien vite mon curry (indien) et un plat de frites puis nous mettons à la recherche d’un logement : il est quasiment minuit. Les endroits où nous demandons tout d’abord coûtent des $6 ou 7. Nous marchons un peu plus vers la rue où se trouvent 2 guesthouse bon marchés d’après le Lonely. Nous ne trouvons là qu’une rue sombre et des portails fermés. Les seuls endroits où nous avons l’occasion de parler avec âme qui vive sont complets sauf un hôtel de plusieurs étages dont les voitures garées en bas ne nous disent déjà rien qui vaille –en effet c’est $13 qu’on nous demande pour une chambre avec climatisation (plus de chambres avec ventilateurs disponibles). Nous commençons à  désespérer quand derrière une haute grille blanche fermée nous percevons une voix qui nous offre un dortoir pour $4. Beaucoup plus dans nos standards, nous nous empressons d’accepter. Nous pénétrons en fait dans une chambre avec 3 lits dont un est déjà occupé par un employé/stagiaire de la guesthouse qui se lève pour nous accueillir. Nous posons nos affaires et tombons littéralement endormis malgré la meute de chiens qui se met d’un coup d’un seul à hurler à la lune (ou à autre chose).

J25 : Kampott – Kep – Kampott
Le réveil sonne très tôt, 8h30, aux vues de l’arrivée très tardive et de la courte nuit mais le programme de la journée est clair : le matin visite de la ville (quelques bâtiments coloniaux intéressants) et emplettes (poivre et autres cadeaux de noël), à midi départ pour Kep pour passer l’après-midi sur la plage et rentrer le soir sur Kampott pour se faire masser (Lucie m’avait chaudement encouragé à le faire, chose non-encore réalisée à ce moment-là) et enfin cerise sur le gâteau pour Luke : les spare-ribs du « Dusty Keyhole ». Dans la salle du petit-déjeuner après une bonne douche, je découvre un ordinateur avec internet gratuit. Parfait, une des choses du programme en moins à faire. Le temps d’attente pour mon petit-déjeuner (salade de fruit et café) s’y prêtera parfaitement. Le petit-dej de Luke, malgré plusieurs réclamations n’arrivera jamais et nous partons avec tout notre équipement alors qu’il est encore à jeun. La rue complètement noire et déserte de la veille se révèle très animée le jour venu : de nombreuses guesthouse, des agences de voyage… Nous entrons dans la Blissfull Guesthouse, voisine de celle où nous étions, et Luke s’y renseigne : une chambre avec lit double et salle de bain privée est disponible pour le soir même pour $5, soit seulement 2,5 par personne. La comparaison ne faisant pas de doute, nous y disposons nos affaires et partons pour la journée. A l’agence de voyage en question je me renseigne pour le bus aller-retour pour Kep départ 13h retour 18h que je négocie à $5 avec pick-up à la guesthouse. J’en profite également pour acheter le billet pour rentrer à Phnom Penh par le premier bus le lendemain matin : 7h, $3 ; rendez-vous 6h45 devant la guesthouse pour être amené au bus. Voilà donc la journée organisée jusqu’au lendemain matin ! Nous trouvons rapidement le magasin indiqué la veille au soir par cette femme dans le pub et y passerons un certain temps, à cause de mes exigences : plutôt qu’un sac de 100g de poivre à choisir entre blanc, noir et rouge, je lui demande de me faire 6 sacs de 100g avec un tiers de chaque ce qui lui demande un certain travail pour peser 33,33g 18 fois et faire toutes les opérations à la calculette. Une fois que j’ai eu choisi 2 belles écharpes, nous la laissons finir de préparer et allons acheter au supermarché voisin une serviette de bain pour $3 –il a oublié la sienne à Don Daeng et la mienne n’a pas survécu à Kompong Cham. Luke qui meurt de faim commande son lok-lak de petit-déjeuner/repas de midi au restaurant khmer de la bonne femme juste voisin du magasin. Un petit tour en ville jusqu’à une librairie ne nous laissera que le temps d’admirer le vieux pont français mais pas plus puis retour à la guesthouse poser nos achats, prendre nos affaires de bains dont 2 serviettes neuves et nous attendons à l’heure dite (12h15) le tuk-tuk qui doit nous amener au bus. Il n’arrivera qu’à 13h –heure du départ prévu- mais le bus ne se situant qu’à une honorable distance de 300 mètres que nous aurions parcourue à pied à peine moins vite, nous sommes toujours à l’heure. Je passe au guichet pour changer les billets de l’agence en billets officiels de la compagnie de bus (Sorya Phnom Penh) et apprend que le retour n’est pas à 18h comme promis par le jeune de l’agence mais à 17h. Il y a un autre départ à 16h également. Nous nous satisfaisons de celui de 17h. Cela devrait tout de même nous laisser assez de temps pour profiter de la baignade. Après à peine 40 minutes (vraiment la porte à côté) d’une route pas terrible à travers les rizières de l’arrière-pays nous débarquons à Kep, le St Tropez du Cambodge colonial. Un peu exagéré tout de même : en gros une étroite bande de sable qui sert de plage au pied de collines luxuriantes abritant de grosses villas. Le roi lui-même y a un palais ! Il y a deux plages aussi nous longeons la côte pour trouver le meilleur spot de baignade. La deuxième particularité de la ville de Kep ne manque pas de nous sauter aussitôt aux yeux : les énormes sculptures kitsch ; cela va d’une grande « femme de marin nue attendant le retour de son époux » tout blanche sur une jetée, au crabe gigantesque au milieu d’un rond-point et j’en passe. Le crabe, la spécialité culinaire de Kep mais le retard du petit-déjeuner de Luke a ruiné le plan d’en manger dès notre arrivé ici. Une fois atteint l’extrémité de la Coconut Beach, assez sale, plage un terme étant assez exagéré, étant donné l’absence complète de sable ou de toute surface plane permettant de descendre dans l’eau, nous faisons demi-tour et retournons à la première plage, pas terrible, mais qui au moins justifie son nom, malgré les invitations des gérants de bars à hamacs, un principe que je n’ai vu jusqu’ici qu’au Cambodge, à nous restaurer ou nous désaltérer dans les hamacs suspendus aux piliers de bois recouverts d’un toit de palme ou de bambou et dont le sol est surélevé sur piloti –le tout avec vu sur la mer bien évidemment. Une fois l’endroit propice trouvé nous posons à peine nos affaires sur une chaise longue qu’une vendeuse de rue ne parlant pas un mot d’anglais vient nous réclamer $1 par transat. Peu probable que lesdits transats lui appartiennent ni même qu’elle les gérât ; enfin nous convenons avec elle (ou contre sa volonté de $1 pour les 2 en échange de la surveillance de nos affaires lorsque nous nous baignerons. Mais nous ne parviendrons pas à lui faire comprendre cette close du contrat. D’ailleurs aussitôt l’argent reçu elle disparaît. Nous pouvons enfin savourer de nager dans la mer de la Baie de Thaïlande avec de nombreuses îles paradisiaques (dont l’île du lapin –Rabbit Island) et même le Vietnam en ligne de mire. L’unique bain de mer du voyage, de l’année même ! Quatre blonde déboule soudain juste un peu plus loin. Luke ne manquera pas d’aborder la conversation en les prévenant de la petite arnaque des chaises longues. Il apprend ainsi qu’elles sont suédoises et logent à Kep mais ont loué un tuk-tuk pour les emmener à Kampott pour la soirée et quand elles partiront, une viendra nous proposer de nous retrouver là-bas dans la soirée. Elles acceptent de se joindre à notre dîner (les spare-ribs attendues avec tant d’impatience), rendez-vous 19h30 donc. Vers 16h nous en avons fini avec la baignade d’autant que la marée montante a recouvert l’eau d’appetissantes algues vertes et la plage de tous les déchets de la terre alors qu’elle était plutôt propre à notre arrivée. Le programme de la soirée, déjà chargé, venant de se remplir d’une contrainte supplémentaire, je propose que nous attrapions le bus de 16h mais faute de prise de décision, nous le voyons passer sans avoir envisagé le moindre mouvement. Cela rallonge donc notre temps de lecture et raccourci celui de la douche. Un quart d’heure en avance nous sommes déjà installés sur le rebord du trottoir entouré de tuk-tuks dont les chauffeurs jouent à jongler avec une mini-balle équipée d’un volant (proche de celui du badminton), sport très populaire dans le sud-est asiatique et dont j’aurai l’occasion de voir au long du voyage quelques techniciens affirmés d’une très grande qualité. Un chauffeur plus âgé se contente de les regarder et nous fera la conversation un moment, ne nous rassurant tout d’abord pas tellement sur les chances de voir arriver notre bus –notre peur augmentant avec le retard de ce dernier. Le vieil homme nous quitte et sera remplacé par un français, propriétaire d’une guesthouse et qui se moquera de la nuée de « mouches », les chauffeurs de motos et tuk-tuks se ruant à l’arrivée du bus, le précédant même d’autant –alors que lui-même en se trouvant là ne fait rien d’autre que la même chose : attendre les touristes pour les ramener chez lui. Il ira même jusqu’à me donner sa carte dont je n’aurai que faire… Du coup le soleil est couché et le retour se fera de nuit. Nous nous rendons directement à la guesthouse consommer en vitesse les 2 bières pression offertes par la maison pour chaque résident –nous voulions les emporter avec nous mais l’offre n’est valable que pour une pression qui seront donc descendues vite fait bien fait, une bonne préchauffe pour la soirée ! Une douche éclair, direction centre-ville, au bord de la rivière qui est en fait la mer –il s’agit d’une baie en fin de compte- où 2 échoppes de massage par des aveugles se font face. Nous nous changeons dans l’arrière-boutique puis nous installons côté à côté sur les tables de massage et un employé guidera les 2 masseurs aveugle jusque nos tables. Après une brève discussion ils se mettent à l’œuvre. Ils essaieront bien de faire la conversation –tout au moins le mien, le seul qui parle anglais des deux- en m’apprenant des phrases en Khmer que j’aurai du mal à répéter à travers le trou pour le visage de la table de massage tandis qu’il me démonte le dos et que j’oublierai deux minutes plus tard. La relaxation totale nécessaire pour profiter de l’intense travail musculaire et osseux du dos n’est pas le meilleur prérequis pour assimiler du vocabulaire nouveau. Pour un premier massage (pourtant spécialité locale de l’Asie du Sud-Est- l’expérience sera très enrichissante et très bienfaisante. Une demi-heure plus tard nous sortons comme neufs et revigorés et courons presque jusqu’au restaurant 200 mètres plus loin où les filles nous attendent sagement autour d’un verre de bière. La mauvaise nouvelle qu’elles nous annoncent et que confirmera le serveur c’est que les spare ribs sont déjà toutes parties. C’est un choc pour Luke. Le choix sera donc plus difficile et il se rabattra sur une assiette-grill incluant une rostbratwurst… lol. Peu intéressé par la cuisine occidentale ce sera un plat local pour moi. Alors que les premiers plats commencent à nous être servis, le couple à la table voisine reçoit une assiette de spare ribs et les yeux de Luke suivant l’assiette volante furent tellement évocateurs que notre voisin lui en offrît généreusement. Le dîner se déroulera dans une très bonne atmosphère même si les suédoise auront tellement mauvaise conscience de voir leur chauffeur les attendre devant le restaurant sans rien faire alors qu’elles l’ont payé pour cela, qu’elles iront lui filer une rallonge pour que la soirée puisse continuer jusque 23h-23h30. Elles n’auront pas la permission de minuit en quelque sorte… Nous termineront par un whisky à la terrasse d’un bar proche toujours en bord de mer puis les quatre cendrillons rentreront se coucher à Kep et nous feront de même éprouvés par une bonne et longue journée sans mentionner l’air marin ni le massage !