J26 : Kampott –
Phnom Penh
Lever 6h30 pour le
rendez-vous 6h45 devant la guesthouse. Encore une fois le tuk-tuk tardera à
venir mais le bus, toujours de la même compagnie, ne sera que raisonnablement
en retard. Certes 2h30 doit durer le trajet mais ils sont quasiment toujours
sous-évalué ce à quoi il faut rajouter
les bouchons de la capitale qui, même à 10h du matin, sont encore suffisant
pour retarder notre arrivée d’une bonne heure. Le quartier backpackers autour
du lac, où doit probablement se situer la guesthouse que m’avait recommandé
Camille, ayant été entièrement acheté par la Chine pour assécher le lac et en
faire un quartier moderne avec expropriations, hausse des prix et tout ce qui
va avec, je nous dirige plutôt vers le centre, cela ayant l’avantage d’être
plus pratique et faisable à pied avec nos sacs depuis l’endroit où nous dépose
le bus. C’est tout du moins ce que j’assure à Luke qui me suit. C’est sans
compter la lourdeur et la chaleur déjà accablante de cette fin de matinée
–chaleur exacerbée par les effets d’une grande ville : circulation
automobile dense et rayonnement des hauts immeubles et de l’asphalte- et le
plan géométrique de cette ancienne ville qui rallonge incomparablement les distances :
impossible de couper ou prendre des raccourcis. Nous partons donc du vieux
marché, le Psar Thmei, situé au niveau de la rue 63 et 130 à la recherche d’une
guesthouse du Lonely située rues 18 et 164. Bref, près de 50 rues à descendre
puis 30 à monter perpendiculairement. Pas une si petite balade que ça… Ajouté à
cela la grosse difficulté que tous les numéros n’existent pas et qu’on a vite
fait de dépasser la rue que l’on cherche dans un sens comme d’ans l’autre puis
pour peu qu’il n’y ait plus de rues pour réaliser son erreur avant un bon
moment, on se rajoute facilement 5 minutes de marche dans un sens plus 5 dans
l’autre. Enfin le cas où le numéro que l’on cherche semble ne pas exister ou
tout du moins pas au niveau où l’on se trouve : on marche dans un sens,
dans l’autre, on s’arrête, on sue avec le gros bardas sur le dos. On abandonne
l’idée d’aller à la guesthouse que nous recherchons et puis, assure le
chauffeur de tuk-tuk qui veut absolument nous prendre pour une course, leurs
prix ont augmenté, ils n’ont plus de chambre à $3 comme avant. On se laisse
convaincre et amener pour $1 à la Okay Guesthouse au sud du Palais Royal où là,
c’est sûr, il y a des chambres à $5. En réalité ce sera $6, pas moyen de
négocier mieux mais devant ce qui semble être une pénurie d’hébergements bon
marchés à cause de la faramineuse inflation que la ville connaît ces dernières
années. Prise de possession de la chambre, internet, repos puis c’est déjà
l’heure du déjeuner, un petit boui-boui plus loin dans la rue paraît un bon
plan. Ce ne le sera pas. Quelconque. One ne peut pas gagner à tous les coups.
Enfin nous entamons le programme de visite : Palais Royal, Pagode d’argent
et Musée National. Mais il n’est que 13h et le palais ouvre à 14h donc ce sera petit
plaisir bien mérité : un expresso ! Derrière le palais, dans le
quartier des bars à vin, un quartier chic fréquenté par les expatriés, un
café/salon de thé de style très français où je commande mon café pour $1, un
abus enfin bon. On a tendance à oublier qu’il s’agit d’une ancienne
colonie ; il est vrai qu’il y a peu de chose pour nous le rappeler, à part
l’Avenue Charles de Gaulle ou bien… les pains et les pâtisseries typiquement
françaises : croissants, pains au chocolat, éclairs, macarons. C’est un
macaron au café qui me fera craquer (pour $1 de plus) en se mariant divinement
avec l’expresso. Un instant purement magique pour des sens déshabitués !
Sans parler de la propreté et du confort des toilettes ! Nous nous rendons
au Palais, nous offrir à la mendicité de nombreux amputés, sans doute victimes
des mines et autres bombes non-explosées, traces d’un pays encore en guerre ou
guerre civile il y a peu. Toutes les splendeurs et richesses restantes des
nombreuses guerres et bouleversements politiques qui ont ravagé le pays tout au
long de son histoire, des pillages semblent avoir été réunies à Phnom Penh et
tout particulièrement dans le Palais Royal dont le temple principal affiche
ostensément les plus beaux matériaux du pays, derrière tel un OVNI se cache un
pavillon de verre et d’acier du type exposition universelle de 1899 offert au
Roi du Cambodge par Napoléon III. Mais c’est surtout la Pagode d’argent qui
récèle tous les trésors du pays, tel un musée des trésors royaux. Son nom, elle
le doit aux centaines de plaques d’argent qui recouvrent le sol du bâtiment
pour un total de plusieurs centaines de tonnes de métal. Quant à l’intérieur,
c’est une des plus belles collections au monde de représentations bouddhistes à
côté desquelles la collection des plus précieux présents faits au monarque par
des chefs d’état étrangers fait pâle figure : bouddhas de jade ou
d’émeraude d’un seul tenant, de marbres, d’argent ou d’or, ciselé des plus
belles pierres précieuses… Sur les quatre faces de la muraille enserrant la
pagode d’argent, une gigantesque fresque de quatre fois 400 mètres de long
représentant les épisodes d’une mythologie indienne très populaire au
Cambodge : le Ramayana. Enfin avec une librairie, plusieurs châsses
dédiées à différents souverains passés, un grenier, un petit temple contenant
une empreinte de pied de Bouddha situé sur une colline artificielle, une
maquette du fameux Angkor Wat de 5mx5m pour nous préparer à notre future
visite. Il est 15h passée et, le musée fermant à 17h, je veux me dépêcher de
m’y rendre pour n’en rien rater. Il doit en effet être le musée renfermant la
principale collection du pays d’œuvres des anciens Khmers ; c’est à dire
contenir la quasi-intégralité des pièces trouvées sur les sites des différents
temples d’Angkor. Au final, on en fait le tour en à peine plus d’une heure. Pas
décevant mais pas un nombre extravagant de pièces. Principalement des
sculptures de pierres trouvées sur les sites et exposées là pour les protéger.
Elles sont le plus souvent été remplacées par des copies in-situ, sauf bien sûr
celles dont n’ont été retrouvé que parties , certaines vraiment
magnifiques. Cependant un peu d’histoire et d’informations sur la redécouvertes
des temples au XIXème siècle mais peu de réelles nouveautés. Ensuite, promenade
au bord de la rivière Tonle, qui coule depuis le lac Tonle Sap au sud de Siem
Reap, et de sa confluence avec le Mékong. Nous nous reposons à l’auberge puis
ressortons prendre l’apéritif au Foreign Correspondant Club (le FCC pour les
intimes) un bar un peu classe fréquenté par les expatriés. Mais comme c’est
happy hour les prix sont abordables : $1 la bière pou moi, $1,50 pour le
whisky pour Luke. Pour le dîner, les plans sont déjà faits, ce sera ce qui
deviens d’ores et déjà une tradition (à
partir de 2 fois c’est une habitude) : dîner pour la bonne cause. Le
restaurant choisi s’appelle Romdaeng et semble devoir ses qualités autant à ses
œuvres en tant qu’ONG que à sa gastronomie. Espérons-le car nous sommes devenu
exigeant avec le temps. A nouveau il nous faut descendre 20 rues dans un sens et
15 dans la perpendiculaire. Le bâtiment colonial est somptueux, les prix
également, offrant une terrasse sur laquelle les tables se prêtent à merveille
à un excellent dîner. Nous réfléchissons un moment avant de pénétrer dans
l’établissement tant les prix sont atrocement élevés. Avec des plats entre $5
et $7 l’unité, nous sommes quelque peu effrayé, surtout Luke. Compréhensible
quand on n’a depuis plus d’un mois jamais mangé pour plus de $3-4 ! Mais
une comparaison avec le coût de la vie sur nos continents respectifs et la
consolation de la destination caritative/bienfaisante de nos dépenses nous
encourage. Pas de place en terrasse, malheureusement, on nous conduit dans une
petite salle à l’étage où nous ne pouvons pas non plus nous installer sur le
balcon mais à une petite table de deux personnes parmi les trois équipant la
vaste pièce. Nous ne serons pas trop dérangé par le voisinage. Le premier coup
d’œil à la carte se fixe d’abord sur les prix avant que, tout deux, nous ne
nous intéressions au même point du menu : l’araignée. Pas la pièce de
viande, non, mais bien le membre de la famille des arachnées que nous avions
déjà aperçu à Skuon et que nous n’avions pas osé goûter. Sans même réflexion
nous commandons une assiette pour nous deux comme mise en bouche. Trois
tarentules bien noire mais pas aussi poilues que nous avions pu le penser,
cuites au four, se présentent bien vite sur notre table. Nous les observons
sous toutes les coutures, puis bien vite nous nous saisissons chacun d’une et,
un peu sous forme de défi, croquons à pleine dents arrachant ainsi les pattes
avant, la tête et une petite partie du thorax, et mastiquons avec véhémence. La
peau, ou plutôt l’exosquelette à part être croustillant à souhait n’a pas de
goût et ne fait que protéger la chair blanche contenue à l’intérieur, y compris
dans les pattes, blanche comme du blanc de poulet bien cuit et au goût…. de
poulet ! C’est étrange ce fait que toutes les viandes un peu originales
sont décrites comme ayant le goût du poulet mais ici c’est vraiment le
cas ! La chair est vraiment très bonne, étonnement bonne même ! Le
seul moment un peu difficile c’est quand on arrive à l’abdomen, en effet
celui-ci est à moitié rempli d’une substance noirâtre, soit les œufs soit la
soie pour la toile, pas répugnante mais pas très bonne –qui gâche un peu le
goût de la chair. La bravade transformée en expérience culinaire intéressante,
nous allons jusqu’à nous partager la troisième pour le plaisir des sens. Cette
découverte balaye nos derniers doutes vis à vis des prix élevés et nous
redemandons le menu. Je profiterai du côté très gastro du restaurant pour
goûter le Fish Amok, plat national à base de poisson (comme son nom l’indique)
servi dans une feuille de bananier origamisée en bol. Quand à Luke, le goût des
découvertes culinaires le pousse encore plus loin et il commande un plat de
bœuf sauté aux fourmis rouges. L’affiche du restaurant vantant l’innovation
culinaire de sa gastronomie avec pour slogan « des araignées aux fleurs de
nénuphars : une expérience gastronomique » ne mentait pas et c’est
ravi que nous attraperons un tuk-tuk pour rentrer à la guesthouse, ne
regrettant pas un seul cent dépensé.
Le retour en moyen
locomotionné et payant s’explique par l’impatience de Luke de retrouver un
groupe de Hollandaises avec qui nous avions discuté la veille et plus tôt dans
la journée et il était convenu de se retrouver pour passer la soirée ensemble.
Et il espère bien me faire jouer une nouvelle carte pour la plus jolie du
groupe, répondant au nom de Manon. Ni l’envie de ne pas me faire exploiter une
fois de plus, ni le peu d’intérêt porté aux camarade néerlandaises, mais la
fatigue me rattrapant ; après avoir discuté un moment dans la salle à
manger de la guesthouse, je me retire pour répondre à l’appel du pieu.
Le rendez-vous est déjà
fixé à 9h avec Monsieur Hout, le chauffeur de tuk-tuk de notre premier passage
éclair dans la capitale, pour nous trimballer toute la journée avec un
programme exigeant comprenant la visite des deux mémoriaux du génocide perpétré
par les Khmers Rouges.
J27 : Phnom Penh
J’ai bien entendu Luke ne
pas rentrer seul dans la chambre tard dans la nuit ou plutôt tôt dans la
matinée, mais je me réveille bien reposé, en forme pour affronter la journée,
ce qui n’est pas son cas. Sans même quelque chose dans le ventre, nous nous
installons dans le tuk-tuk pour un relativement long trajet, en effet les
Killing Fields ne sont pas situés à Phnom Penh mais à Cheung Eok, 12km au
sud-ouest de la ville. Un trajet d’autant plus long que heure de pointe ou pas,
il semble bien que la ville souffre constamment d’embouteillages quelle que
soit l’heure de la journée. Notre chauffeur/pilote devra donc se faufiler entre
les cohortes de véhicules motorisés de toute sorte : camions, bus,
minibus, voitures, motos, tuk-tuks et autres.
Comme le nom du mémorial
l’indique, il s’agit d’un grand espace vide bordé par des murs de 3 côtés et
par un lac du quatrième ; vide, mis à part le mémorial en lui-même, en
forme de haute tour, semblable aux hautes châsses du Palais Royal. C’est
pourquoi la visite avec un audioguide s’impose. Ancien cimetierre chinois
(certaines tombes ou bouts de tombes avec des inscriptions chinoises dessus
demeurent éparpillées un peu partout sur le site) dont les Khmers Rouges se
sont servis comme d’un champ d’exécution et de fosses communes pour les
opposants au régime ; c’est à dire très rapidement tout le monde (1/5 de
la population a été liquidée), tout ceux qui avaient fait des études, portaient
des lunettes, avaient été dénoncés, s’étaient plaints… Emprisonnés à Tol Sueng
ou S21 où les prisonniers étaient interrogés et torturés ; ils étaient
amenés ensuite ici par camions de nuit, les yeux bandés, liés les uns aux
autres, déchargés, comptés. Un registre des prisonniers extrêmement précis était
tenu pour s’assurer qu’aucun ne survive ou ne parvienne à s’échapper. Puis,
alignés devant une fosse tandis que des haut-parleurs gueulaient des chants
révolutionnaires qui longtemps firent croire aux environs qu’il s’agissait d’un
lieu de réunion des membres du partis, et éliminés le plus souvent à l’arme
blanche : des outils, des matraques voire l’écorce du palmier à vin
terriblement tranchante. Dans un silence pesant, les visiteurs déambulent,
casque sur les oreilles, autour de petits cratères ronds de quelques mètres de
diamètre, fosses rebouchées que les intempéries ont fait réapparaître et
desquels les pluies lors de la saison humide continuent à faire remonter à la
surface des os ainsi que des morceaux de tissues malgré le nettoyage et
inventaire complet du site de ses cadavres qui eu lieu en 1980. Après l’arbre
contre lequel étaient tués les nouveau-nés, celui où étaient suspendus les
haut-parleurs qui diffusaient les chants révolutionnaires assourdissants pour
dissimuler les cris et les bruits de violence, les différents charniers ayant
contenus jusque 400 morts et enfin le monument commémoratif contenant les plus
gros restes des cadavres, et près de 2 heures passées en plein soleil, il est
l’heure de partir mais pas moyen de trouver Luke.
Il me faudra chercher 20
bonnes minutes à l’intérieur, à l’extérieur, demander auprès de notre
chauffeur, refaire le tour complet de la visite, ressortir du site un peu plus
loin, presque paniqué et convaincu qu’il est parti puis le trouver assis à un
restaurant consommant son habituel coca-cola chaud dégazé. Le chauffeur qui
m’avait assuré ne pas l’avoir vu est garé juste à côté. Nous repartons pour la
ville et la prison-centre de sécurité de Tol Sueng aussi appelé S21.
Ancienne école dont les
salles de classes ont été transformées en cellules : uniques pour les
prisonniers importants, ou multiples, séparées par des cloisons de bois ou de
briques selon les moyens pour les moins « dangereux ». Dans la cour
on tombe d’abord sur les tombes des tous derniers prisonniers retrouvés morts
lors de la libération du pays par les Vietnamiens. Contrairement à ce que l’ont
peut croire en regardant les photos de l’état des prisonniers, il y eut
quelques survivants dont un qui vendant son livre sur place. Egalement dans la
cour, un portique de sport dont les barres d’accroche des cordes sont
réutilisées pour suspendre les prisonniers par les bras attachés derrière le
dos et à qui on plongeait la tête dans l’eau pour les ranimer lorsqu’ils
perdaient connaissance. Dans certaines cellules, des panneaux explicatifs
renseignent sur le pays sous le régime des Khmers Rouges, notamment
l’évacuation forcée de Phnom Penh dès le lendemain de la prise de la capitale
par les Khmers Rouges, les témoignages des employés de la prison, ainsi que sur
les procès des anciens dirigeants du régime et leur implication dans le
génocide. Sans doute le plus impressionnant : le fait que les couloirs
donnant sur l’extérieur étaient barricadés de barbelés pour empêcher les prisonniers
de s’échapper ou bien de sauter pour se suicider.
Il est déjà 14h et nous
n’avons toujours rien ingéré à part une gaufre avant d’entrer dans S21, il est
grand temps de déjeuner. Direction donc le Marché Russe, passage semble-t-il
obligé à Phnom Penh et où je veux faire mes emplettes de Noël et où nous
trouverons forcément les traditionnels restaurants-échoppes du marché,
exactement ce qu’il nous faut. Nous déjeunons donc d’un plat de nouilles
agrémenté de pâtés impériaux puis c’est la traditionnelle séance de négociation
pour chaque objet touché sur un stand du marché : écharpes, baguettes,
chemises… Enfin tout de même l’occasion de finir les cadeaux de Noël après ceux
achetés déjà à Kampott. La priorité suivante c’est d’acheter et écrire des
cartes postales et comme nous disposons en théorie du tuk-tuk pour la journée,
nous demandons à Mr Hout de nous emmener à la poste centrale où nous nous
procurons cartes postales et timbres et nous écrivons sur place les premières
que nous postons aussi sec. Encore un dernier détour par la gare construite à
l’époque coloniale puis par quelques compagnies de bus et agences de tourisme
pour trouver le meilleur prix pour le premier bus de la matinée pour Siem Reap.
Une fois n’est pas coutume c’est une agence de tourisme qui propose le meilleur
prix pour le bus de 7h du matin que la compagnie de bus elle-même ; prix
incluant le trajet en tuk-tuk depuis la guesthouse.
Nous retournons enfin à
la guesthouse. Une bière, internet et nous sortons chercher un endroit pour
dîner. Là, nous n’arrivons pas à nous entendre sur le resto, je propose un ou
deux du Lonely et Luke préfère aller au petit bonheur la chance. Nous nous
entendons tout du moins sur la direction : vers le sud. Un quartier de
Phnom Penh où nous n’avons pas mis les pieds. Au passage sur l’immense place au
bout de la rue de notre guesthouse et bordant le côté sud du Palais Royal, à
côté des groupes pratiquant l’aérobic/chorégraphie de groupe, un jeu de
lumières sur les fontaines qui nous distraient un moment avant que nous
poursuivions notre promenade. Mis à part quelques rues bordées de logements
très pauvres, nous marchons un moment sans rien trouver qui nous satisfasse
tous les deux ; nous finissons par rebrousser chemin, l’obscure rue dans
laquelle nous nous trouvons ne promet rien plus avant. Finalement un peu par
chance, nous finissons par passer dans une rue sombre devant le type de
restaurant que nous recherchons : cuisine et clientèle locale. Le comble
c’est que c’est la présence d’un quadra-quinquagénaire australien seul à une
table qui nous convainc définitivement. Il vit à Phnom Penh depuis au moins 10
ans et parle donc Khmer : ce sera lui qui commander à notre place et tant
mieux car, et c’est à ça que l’on reconnaît qu’on a réussi à trouver un endroit
hors des sentiers touristiques, les serveurs ne parlent pas un mot d’anglais.
Surtout, en habitué –il semble venir commander à emporter assez régulièrement
ici- il saura, pendant que Luke demande son habituel lok-lak, me recommander
une spécialité de la maison : un simple poulet-hot chili mais assaisonné
pour un cambodgien : un vrai régal avec du piment frais et piquant comme
on l’aime !
Le tuk-tuk devant venir
nous cherche à 6h30, pas de sortie ce soir : retour direct à l’auberge, un
peu de lecture et au lit tôt –d’autant plus facile pour Luke qui n’a pas eu
beaucoup de sommeil la nuit passée. Malgré la chaleur, accablante dans la
journée, pour cette nuit, je diminue la force du ventilateur au minimum. Nous l’avions
au max depuis que nous sommes arrivés, ce qui est bien la plupart du temps,
mais il arrive toujours un moment dans la nuit où l fait un peu trop froid et c’est
probablement à cause de ça que ma gorge est un peu douloureuse aujourd’hui.
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