Tuesday, September 13, 2005

Temps : Jour J+66
Le réveil sonne à 4h15, le temps de s'habiller et je file au terminal. 4h45 le bus quitte sa voie de stationnement et sort du terminal. Curieux, un bus qui part en avance ! Et vide en plus ! 2 personnes à part moi. Mais dès l'arrêt qu'il effectue juste après la sortie il commence à se remplir de manière plus conséquente (un moyen pour beaucoup de personnes d'économiser les 20 centavos de taxe du terminal) et il ne cessera de se remplir/vider lors des nombreux arrêts montée/descente de passagers tout au long des 5 heures de trajet. Ce n'est que vers la toute fin que j'aborde la conversation avec mon voisin Andres un Colombien vivant en Equateur, dans le business du transport et venant chercher une cargaison à Ipiales, la première grande ville que l'on rencontre après la frontière. je lui demande donc des conseils concernant les transports de Tulcan à la frontière puis de la frontière à Ipiales et enfin sur les bus pour Bogota. Il me dit qu'il fait souvent ce trajet (celui jusqu'à Ipiales j'entends) et me propose de m'accompagner tout du long jusque là. Je le suis donc et il m'aura grandement facilité la vie. Arrivés à Tulcan nous prîmes un bus de ligne régulière pour la place centrale afin d'éviter de payer trop cher un taxi depuis le terminal. Il paya même le bus pour moi. Sur la place nous prîmes donc un taxi qui nous déposa au poste frontière du côté Equatorien pour $0.85 chacun (au lieu de $3 depuis le terminal). J'effectuai les formalités pour sortir du pays en règle, puis celles, de l'autre côté du pont qui marque la frontière, pour entrer en Colombie. De même, pour ne pas se faire trop arnaquer sur le taux de change, il me conseilla de ne changer mes dollars qu'à Ipiales et du même coup, n'ayant pas encore de pesos, il me paya le taxi jusqu'à Ipiales ainsi que le caldo (une soupe) qui vers les 11h du matin constitua notre petit-déjeuner/déjeuner. Nous nous séparâmes enfin, les affaires l'appellant, non sans l'avoir grandement remercié de m'avoir épargné grand nombre de prises de têtes. Il est midi quand j'arrive au terminal d'Ipiales et le bus de Bolivariano direct pour Bogota, qu'Andres m'avait recommandé, va partir incessamment.

Je décide de ne prendre que le suivant, celui de 14h, de sorte que je n'arrive à Bogota qu'à 10h au lieu de 8h du matin (ce sont effectivement 20h de bus qui m'attendent), Tati ayant cours jusqu'à midi et ne pouvant pas venir me chercher au terminal avant cette heure-là.
14h30 : c'est parti pour le plus long des trajets que j'avais fait jusque là. Mais sur une route de bien meilleure qualité. La Colombie possède une infrastructure routière bien meilleure. Les routes sont larges, le revêtement de bonne facture... Mais à travers des régions encore bien accidentées. Toujours les mêmes montagnes mais à chaque fois un peu différentes. De verts sommets séparants d'impressionnantes gorges et vallées recouverts des verts des forêts de pins, des prés où paissent de noires et blances vaches et des champs. Des petites Alpes.

Enfin ce sont plutôt les Alpes qui feraient ridicule à côté de ces paysages grandioses
Sinon la Colombie, c'est comme l'Equateur, ça parle Espagnol, sauf qu'ils ont des pesos. Et ça, ça change tout. Après avoir du gérer des billets verts, je dois jongler avec les miliers et les dizaines de milier d'une monnaie non réévaluée. Fini le temps des soles ou des bolivianos et leur conversion facile. J'envisage presque l'achat d'une calculatrice. Comme relaté plus haut, le billet de bus fut parmi mes premiers achats en pesos. 80,000 ce qui est beaucoup (environ $35) mais je dois dire que je me trouve actuellement écrivant dans un des meilleurs si ce n'est le meilleur et le plus confortable de tous les bus fréquentés jusque là (et j'en ai fait beaucoup !).
Peu de temps après que j'ai commencé à essayer de m'endormir, le bus s'arrête une grosse demi-heure pour dîner. M'étant un peu empiffré de pain et de galak, je me contente d'un simple caldo qui me coûte 1,500 pesos. De retour dans le bus il est 20h30 et je m'endors rapidement.

Temps : Jour J+67
6h du matin, j'émerge après avoir réussi la performance de dormir/somnoler 10 heures d'affilée dans un bus. Belle performance. A la fenêtre, toujours les mêmes montagnes et la même région accidentée, toujours la même route qui tourne, qui monte et qui descend mais au milieu d'une brume matinale caractéristique d'un paysage de selva tropicale, qui, quelques heures plus tard, se transforme en un, beaucoup plus plat, de savane et sa végétation sèche. Un nouvel arrêt pour petit-déjeuner. Au fur et à mesure que le décor du pays et de ses viulles et villages défile sous mes yeux se révèlent les nombreuses éléments qui différencie la Colombie des pays précédents ; différences d'un pays plus développé et plus occidentalisé. D'une population plus hétérogène également, je m'en rendrai compte les jours suivants, au milieu de laquelle j'ai beaucoup moins l'impression d'être une tache étrangère, ou voire je pourrais presque passer pour un Colombien.
En approchant de Bogota, la route déjà bonne, s'élargit, passant même à 2 voies sur certains tronçons, chose que je n'avais pas vue en Amérique du Sud jusque là. La musique hispanophone diffusée à la radio, bien meilleure que celle du Pérou ou de Bolivie, s'agrémente de morceaux de pop anglo-saxonne à la mode. Aux Chevrolet, très répondues en Equateur également (la Chevrolet Corsa est assez populaire), s'ajoutent des Renault (des Twingos, mais aussi des modèles portés disparus en France comme la 9, la 11, la 12, la 18...) dues à la présence de concessionnaires de la marque dans le pays. On sent tout de même un pays confrontés à des problèmes de sécurité avec un nombre impressionnant de policiers et militaires armés jusqu'aux dents. Particulièrement aux bords des axes routiers où les controles sont nombreux. Nous aurons d'ailleurs droit à un contrôle militaire avec obligation pour tous les passagers de descendre et de présenter ses documents d'identité. On voit aussi des ensembles résidentiels gardés par un service de sécurité et de hautes clotures si courants aux US.
Il est 11h40 quand s'achèvent enfin les plus de vint heures de bus et que nous pénétrons dans l'enceinte du Terminal Terrestre, plus de 45 minutes après avoir passé la pancarte "Bienvenue à Bogota". C'est une grande ville. C'est une ville énorme de 10 milions d'habitants qui grouille de vie. Ce n'est pas la ville salle et pauvre et dangereuse dont elle a la réputation. Certes, je n'ai pas encore mis les pieds dasn les quartiers pauvres, mais elle possède des quartiers résidentiels mignons, comme celui où vivent Tatiana et ses parents. Mais je ne l'ai pas encore retrouvée, je suis toujours au Terminal, attendant au pied du bus qu'on sorte mon sac de la soute. A peine je franchis les portes vitrées qui séparent les quais des boutiques et salle d'attente de l'intérieur :
_"Usted es Renaud ?"
_"Si"
_"Soy el padre de Tatiana".
S'ensuivent les politesses d'usage et je le suis puis nous sortons du terminal. Au moment où nous allons traverser la rue, une voiture s'approche et s'arrête à notre hauteur. Une petite femme en sort que les circonstances m'aident à reconnaître immédiatement comme la mère de Tatiana. Elle m'explique que comme Tatiana n'était pas sûre de l'heure à laquelle elle sortirait de cours, ils avaient décidés avec son mari de venir me chercher. Je les remercie et leur dit que ce n'était vraiment pas nécessaire et nous roulons vers la maison. J'arrive dans un quartier résidentiel classe moyenne et nous pénétrons dans une maison dont le rez-de-chaussée et le premier étage ont été séparés en deux appartements. Peu jolie d'extérieur, je découvre un joli appartement décoré avec goût. Immédiatement tout est fait et bien fait pour que je me sente comme à la maison. Santiago, le frère, me laisse très généreusement sa chambre. Je peux m'y changer, prendre une douche, enfiler des habits propres et mettre ma quantité de linge sale à la machine. Le repas de midi est prêt et pour mon premier repas bogotanais, la mère cuisinière nous a concocté une délicieuse paella.

Bonne et en plus ça change de ce que j'avais l'habitude de manger jusque là. Ayant vécu à valencia, c'est une paella bien typique mais avec les ingrédients qui peuvent se trouver ici. il est tard quand nous finissons de manger. Je profite de l'après-midi pour me reposer un peu des fatigues du voyage mais dès le soir, Tati m'emmène dans un bar étudiant pour y écouter un petit concert de jazz bien "chevere". En première partie un combo dans un style assez planant

et en deuxième un jazz plus tonique d'un band plus conséquent (aux guitarre, basse et batterie s'ajoutent clarinette, sax ténor et trompette) avec un clarinettiste de génie qui possède une maîtrise impressionnante de son instrument.

Ce fut en bus que nous sortîmes mais pour $2 dollars de taxi nous rentrâmes.

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