Wednesday, August 24, 2005

Temps : Jour J+50
Une grasse matinée jusqu'à des 10h pour la première fois depuis bien longtemps. Je marche un peu dans la ville, je fais réparer mon bracelet de montre cassé la veille et puis je me décide finalement à partir pour voir la laguna Yarinacocha, un bras mort du Rio Ucayali à quelques 10 minutes de Pucallpa. A mon arrivée, le classique manège des rabatteurs/conducteurs de peki-peki (comparable à une lancha mais avec un moteur rotatif et à gaz) se met en branle autour de moi. Je me décide pour une limite de 20 soles et pour ce prix on m'emmène à Pandisho Albergue pour voir son petit zoo. Tortues, sangliers, ocelots, boas et tripotage d'un alligator plus tard, j'en fais mon repas (ça se nomme lagrato ici). La viande est pas mauvaise. Une petite balade dans la forêt par derrière la propriété, et je rentre sur Pucallpa, ayant pris en mangeant la décision d'embarquer dans le bus de 17h pour Lima qui me déposera à Huanuco. Je paye le bateau 15 soles, 50 centimes de combi, la chambre d'hôtel (10 soles) et le billet de bus (25) et me voilà parti pour un des pires trajets de bus. Malade, une fois de plus. Et pour 12 heures de bus sur une piste à travers la selva. Et la grand-mère assise à côté de moi qui dort la bouche ouverte et dont la tête arrête pas de tomber de côté lorsqu'elle s'endort. De mon côté ! Et qui m'a volé mon polo rézo lors d'un arrêt toilette...

Temps : Jour J+51
Arrivée à Huanuco plus tardive que d'habitude : 6 heures moins le quart. 12 heures de route pour traverser la jungle et sur la dernière partie monter jusqu'à Huanuco à 1800m d'altitude. Le climat y est fort appréciable. Même aussi tôt le matin je n'ai pas froid dans le short-T-shirt dans lesquels je suis partis et que j'avais du mal à supporter dans la chaleur intenable du début de soirée passée dans le bus. De nouveau en pleine boulimie de voyage, une pause d'une petite heure dans un hôtel-restaurant pour petit-déjeuner et me changer de fringues puis j'enchaîne sur un autre bus et 5 heures de pistes montagneuses de toute beauté pour continuer mon ascencion et rejoindre La Union et ses 3200m d'altitude. Tellement beau que j'en oublie de dormir pour regarder le paysage malgré les à peine 3 heures de sommeil que je pus trouver dans le bus.

La dernière heure je craque et m'assoupis tout de même. Il est 13h me voici à La Union et il s'agit de trouver un moyen de locomotion pour me rendre au site de Chavin de Huantar que je souhaite visiter avant de me rendre à Huaraz. Après de longues investigations, il s'avère qu'il est impossible de s'y rendre directement et qu'au final il est plus facile d'aller à Huaraz pour faire l'aller-retour depuis là. L'unique bus de la journée pour Huaraz étant à 4h du matin, me voici donc coincé dans ce trou paumé au milieu des montagnes, sans parler d'un lever tôt en perspective moi qui manque déjà de sommeil. Trou paumé oblige, la douche -dont je rêvais après ces horribles 12 heures dans le bus et ces autres moins désagréables 5 heures asssises- sera chaude, chose surprenante, mais au seau.
5 jours sans voir un seul gringo. Quel changement ! Que c'est agréable ! De gringo il y en a toujours eu un où que je passe ; c'était moi pour les autochtones. Mais de sortir des routes toutes tracées et se rendre dans ces régions que j'ai traversées peu voire pas touristiques m'a fait découvrir une autre facette du Pérou. Le tourisme est autant nuisible que bénéfique pour un pays, particulièrement pour un pays pauvre. Il l'enrichit mais en contre-partie il en change les habitants et les mentalités. La région de Cuzco par exemple me fut insupportable malgré ses richesses et sa beauté. Car les Péruviens n'ont de pensées et d'intérêt envers les gringos que de savoir combien d'argent ils vont pouvoir en soutirer. Ceuz que j'ai croisés depuis 5 jours dans des bus, des restaurants, des gérants d'hôtels ou d'autres magasins venaient me parler par curiosité, posant des questions sur moi et sur mon pays. Cela change tout. Plus courtois, plus aimables et plus intéressants. Celui qui croit se faire une idée des Péruviens en restant dans les parties touristiques se leurre.

Temps : Jour J+52
Lever 3h30 pour départ du bus à 4h. Les voyages sont faits pour tuer la routine, ne sont-ils pas ? En tout cas, c'est un mot qui a disparu de mon vocabulaire depuis que je suis parti. Arrivée à Huaraz à 8h30 je repère les bureaux, un de chaque côté de la rue, des compagnies de bus pour Huari, route passant par Chavin de Huantar. Départ 9h pour l'une et 9h30 pour l'autre qui propose également un départ à 10h30. Je me trouve un hôtel et je petit-déjeune. 1h30 plus tard je me repointe au bureau en question pour prendre le bus de 10h30. Après mûre reflexion, autant se débarasser de Chavin aujourd'hui pour avoir une soirée et la journée de demain tranquille à Huaraz. Evidemment il faut qu'il n'y ait pas de bus à 10h30 aujourd'hui contrairement à ce qui est affiché. Le prochain est à 14h ce qui fait trop tard pour faire l'aller-retour dans la journée. Je remets donc cela à demain mais je me rends chez le concurrent pour leur demander s'il n'y aurait pas une troisième entreprise sur le même créneau. La réponse est non mais par chance (signalons et soulignons-le bien, c'est si rare...) on me propose un billet pour le bus de 10h qui n'est pas plus mentionné sur aucun affichage. Il est 9h55.
Huaraz doit sa renommée et son attrait touristique à la Cordillera Blanca qui longe du nord au sud la vallée où la ville se trouve. Un pays unique où sont réunis plus de 50 pics de 5700m et plus (l'Amérique du Nord en totalise 3, l'Europe aucun), d'où son nom. La route La Union-Huaraz la contourne par le sud, empruntant en partie la route de Lima, en meilleur état (les routes pour Lima sont toujours les meilleures) ; je ne l'avais donc qu'aperçue de loin ce matin. La route Huaraz (3090m)-Chavin (3100m) la traverse avec des vues magnifiques sur les crêtes enneigées environnantes via un tunnel que surplombe de seulement 300 mètres le col de Kahuish qui culmine à 4200m. Une montée splendide pour atteindre le tunnel.

Une attente d'une demi-heure avant que ledit tunnel, en travaux d'agrandissement, ne soit réouvert à la circulation. Effectivement, les travauz venant à peine de commencer, on peut observer un passage creusé dans la pierre plus large que notre bus de moins d'un mètre de part et d'autre. La dernière heure consitue la redescente sur Chavin : une impressionnante série de virages en épingle à cheveu à flanc d'une pente supérieure à 45º asphaltée mais dont l'asphalte a disparue sur certains tronçons, notamment dans lesdits virages.
Pour voyager dans le coin, il ne faut avoir ni peur, ni vertige. Dans ces virages et avec ces pentes, quand, de plus, il se met à pleuvoir au retour à la moitié de la montée, on se demande si les lois de la physique concernant l'adhérence sont les mêmes ici qu'ailleurs. D'autant que vers 4000m la pluie devient neige et un fin manteau blanc commence à vêtir les pentes alentours. Ma première neige andine si je ne m'abuse. Ou peut-être la deuxième ?

Le site de Chavin n'a de premier abord rien de spécialement impressionnant, place carrée cerclée de degrés, un bâtiment un peu plus grand qui domine le reste...

Rien que je n'ai déjà vu dans les nombreux sites incas déjà visités voire à Tihuanaco. Si ce n'est que la civilisation Chavin est antérieure de 2000 ans aux Incas. Or ils possedaient déjà les mêmes techniques avancées, notemment au niveau hydraulique avec un complexe système de canaux et canivaux souterrains d'évacuations des eaux de la place carrée. Culturellement et artistiquement parlant les scupltures en relief des stèles et des façades -comparables à celles des Mayas de la période Copan Ruinas- sont beaucoup plus stylisées que celles des cultures postérieures et eurent une influence considérable sur leur successices (:?????)

Pour voyager dans le coin, il ne faut avoir ni vertige, ni peur. Le premier bus émettait de bruyants claquements au niveau des supensions lorsque celles-ci arrivaient au maximum de leur sollicitation, c'est à dire au plus fort des virages en épingle à cheveu. Quant au deuxième, c'est un long couinement que produisait l'embreyage à chaque changement de rapport. Enfin jusqu'à ce que les freins nous lâchent. Mais reprenons l'histoire depuis le début.
Il est 15 heures quand, de retour des ruines j'ai cherché et trouvé un restaurant et mangé. (Ce qui ne fut pas chose facile car, du retour à la réalité des gringos oblige, à chaque restaurant, le prix doublait dès que je franchissais le seuil et l'accueil et l'amabilité étaient comparables à ceux d'une porte de prison.) De toutes les informations prises ultérieurement et reprises sur place, il devait en être ainsi que le bus de retour de Rio Mosna partait à 16h et celui de Chavin Express à 17h. J'avais donc acheté sur place mon billet pour celui de Rio Mosna qui devait se pointer vers 15h30. 16h15, toujours aucun bus puis arrive celui de Chavin Express... Je me vais donc plaindre au señor de Rio Mosna qui me vendit le billet que son bus est en retard et qu'il me rende mon argent pour que je m'en aille avec celui de Chavin Express. Il me dit que l'autre bus va arriver mais me refile à son collègue de l'autre compagnie. J'embarque donc pour ce qui peut-être (je l'espère) restera comme le pire trajet de bus. Le bus est d'une saleté incroyable et pas loin 2 Péruviens complètement ivres, sans parler d'une brebis pissant dans l'allée centrale et d'un bélier sur le toit (cf. la photo). il ne fait pas bon être trop près de Péruviens ivres et pour ne pas choquer les âmes sensibles que pourraient me lire je ne détaillerai pas plus avant leur comportement durant ces heures passées à leur côté. Nous arrivons tant bien que mal malgré la pluie et la neige à la file d'attente du tunnel. Plus de 40 minutes plus tard la voie est enfin libre et nous entamons la descente, juste après la traversée, durant laquelle petit à petit, tous les bus nous suivant, plus rapide ou plus récents, nous doublent dont évidemment celui de Rio Mosna. Jusqu'à ce que nous nous arretions tout bonnement au milieu de la descente. Un problème de freins pas bien clair que chauffeur et compagnie tentèrent en vain de réparer. Au bout de plusieurs dizaines de minutes infructueuses, plusieurs passagers commencèrent à arreter les rares véhicules qui passaient encore par cette route et cette nuit noire. Quelques camionnettes et combis pleins ou ne voulant pas s'arreter plus tard, un bus d'une agence de tourisme s'arrête et annonce directement son prix pour rentrer les infortunés passagers que nous sommes sur Huaraz : 5 soles ! La moitié du prix du trajet en bus... Nous sommes donc quelques uns à monter et comme seuls deux sièges étaient libres, c'est debout que je passai l'heure et demie restante. Cela me permis néanmoins de négocier mon "passaje" à 3 soles.
Moi qui voulais sortir ce soir à Trujillo, avec la longue journée et ses imprévus, la fatigue me rattrape et je file au lit sitôt après dîner.

1 comment:

Renaud Delaplace said...

merci de cette précision orthographique qui me rassure.
Quant à la fin de l'histoire elle n'était pas écrite raison pour laquelle elle ne pouvait pas encore être sur le blog...