Tuesday, August 30, 2005

Temps : Jour J+57
Bien que je fus au lit vers les 3h du matin, à 8h juste avant la sonnerie du réveil, j'ouvre les yeux. Il me faut partir tôt. En effet, l'objectif de la journée : monter à Kuelap (forteresse Chachapoyas) et en faire la visite puis redescendre et rentrer sur Chachapoyas pour y attraper à 20h le dernier bus pour Chiclayo.
C'est jour de marché à El Puente, à 40 minutes de route de Leyme. Un taxi collectif m'y emmène et j'attends sur place au milieu des poules, des cuys, et des chevaux entre 9h40 et 10h20 que parte le combi qui me dépose à Tingo une heure plus tard. Suivant le conseil de Engel, j'abandonne mon sac au comissariat, je fais les courses et remplis mon sac à dos, et j'attaque à 11h30 les 9.8km pour 3 heures et 1100m d'ascencion. Mon programme, indépendant de ma volonté, me fait malheureusement faire cette randonnée à l'heure la plus chaude de la journée. Je souffris beaucoup sous ce soleil de plomb, n'ayant de plus pas emporté assez d'eau. Ce genre de soleil qui fait désirer le moindre petit soufle de vent pour qu'il rafraichisse ou que le moindre petit nuage vienne faire un peu d'ombre. 3 heures bien éprouvantes sans le moindre petit centimètre carré d'ombre à cause de la déforestation et des cultures sur brûlis pratiquées ici comme partout ailleurs. Le programme est un peu serré. Il me faut être de retour à Tingo avant 18h pour attrapper un combi pour Chachapoyas (on me dit qu'il y en a beaucoup) et prendre là-bas le bus de 20h.
Vers 14h30 je parviens à la forteresse épuisé. Il faut 1h30 pour redescendre ce qui ne me laisse que 2 heures de visite. Une fois arrivé au sommet de la plus haute tour je me pose et me repose enfin en mangeant mon picnic et en admirant la magnifique vue à 360º du haut des 3000m d'altitude de la forteresse. Le picnic ne fut pas aussi bon que celui avec vous les filles, surtout que j'avais bêtement oublié la mayonnaise, mais sachez que j'ai peaufiné la technique d'ouverture de la boite de thon.

Perché sur un sommet aussi haut, gardé par 3 rangées de remparts dont les plus hauts atteignent 15 mètres et seulement percés de 3 étroites et hautes portes faciles à défendre, la citadelle de Kuelap paraît vraiment imprenable.

A l'intérieur des murs, tours de guet, fort, étrange bâtiment cérémoniel et quantité de maisonnettes rondes. Des fouilles en cours sont en train d'apporter plus d'information sur la civilisation Chachapoyas encore trè###éconnue.
A peu près reposém j'attaque la descente sur un bon rythme. Les racourcis évidents que je ne pris pas en montant car trop fatiguants font clairement gagner du temps comme me le confirmera une petite fille qui habite Kuelap et descend à Tingo pour pouvoir aller au collège le lendemain matin tôt en compagnie de son petit frère. Ensemble commence une descente effrenée, ayant vite fait de me rendre compte que les 1h30 soit disant suffisants pour rallier Tingo, ne le sont qu'au pas de course. Je les lâche dans la dernière partie, du plat avec quelques petites remontées et il est déjà 17h50 quand j'arrive au commissariat de Tingo où les policiers me disent que 2 combis sont partis d'affilée il y a peu de temps. Je le savais déjà, j'avais entendu le son caractéristique de leur klaxon dans la dernière partie du chemin. Ils me disent également qu'il est possible qu'il n'y en ait pas d'autres, mais me garantissent de m'aider à arreter le premier véhicule pour qu'il m'emmène à Chachapoyas. Il reste 1 heure de route pour l'atteindre. 19h est donc le dernier recours pour que je puisse attrapper le bus de 20h. La nuit tombe et toujours aucun véhicule. A 19h15 enfin, j'interroge le conducteur d'un pick-up transportant sur les sièges arrières et assis dans le coffre ce qui me paraît être une famille nombreuse (ou peut-être 2 familles) qui accepte de m'emmener à Chacha et ce sans contrepartie financière. Je lui explique ma situation et après une heure de tape-cul assis à l'arrière du pick-up, il me laisse au croisement de la route de Chachapoyas par où passent nécessairement les bus pour Chiclayo. Je me renseigne aurpès de policiers (les policiers sont mes amis) en poste dans leur voiture qui m'informent que les bus ne sont pas encore passés. Ouf ! Quelle chance ! Ils me disent de monter à bord de leur 4x4 Nissan avec siège en cuir et m'emmènent au commissariat du village un peu plus loin. Là, un policier se charge d'arrêter les bus des 2 compagnies faisant Chachapoyas-Chiclayo, les 2 pleins à craquer... La chance me fait à nouveau défaut... La solution de repli consiste donc à trouver un véhicule qui m'amène à Pedro Ruiz et, de là, arreter les bus pour Chiclayo en provenance de Tarapoto et Yurimaguas et la Selva, beaucoup plus nombreux. Mais dans le pire des cas, ils m'offrent un lit gratuit dans le commissariat pour passer la nuit et prendre un des bus du lendemain. J'aurais du accepter mais je ne connaissais pas alors la suite des évènements... Il est 22h30 quand ils arrêtent une voiture qui veut bien me transporter à Pedro Ruiz. Une heure plus tard me voilà sur le trottoir au bord de la carratera en compagnie de nombreuses personnes qui tentèrent, comme moi, d'arreter les bus pour Chiclayo afin de monter dedans. Là, également, un couple de Français baba-cools en voyage pour 10 mois en Amérique du Sud que j'avais déjà croisés eux descendants, moi montant à Kuelap. Ils s'en vont sur Yurimaguas pour y prendre un bateau pour Iquitos et descendre l'Amazone jusqu'à Manaus. Nous discutons un long moment en attendant leur bus pour lequel ils possèdent déjà un billet tandis qu'aucun bus ne passe dans l'autre sens. Puis ils partent et commencent à passer des bus dans l'autre sens. Mais sans s'arreter : pleins. Un péruvien me tient la patte un bon moment en me posant des quesitons sur la France, son industrie, son éducation, la situation économique et le pourcentage d'employés dans le secteur de l'industrie des boissons alcoolisés. De nombreux autres passèrent encore et je commençais à désespére. On m'apprit qu'étant en période de congés toutes les places étaient prises d'assaut par les personnes visitant ou revenant de visiter leur familles. Vers 2h30, alors que je commence à m'endormir sur mon sac, et suite à l'information de ce qu'il n'y aurait plus de bus jusqu'au lendemain, je me trouve un hospedaje qui me demande 5 soles pour finir la nuit dans un lit. Je paye et je m'endors malgré la glauquitude extrême de la chambre. Une très longue journée se termine enfin...

Temps : Jour J+58
Je n'étais pas sûr de me reveiller à temps pour attraper un des bus en provenance de Chacha passant vers les midis, mais à 10h je suis debout. Renseignement pris, les places sont toutes déjà prises et j'achète pour 25 soles la dernière place du bus de 17h30. Un jus d'ananas, un repas avec des pieds de poules dans ma soupe et 2 heures d'internet. Une bonne journée à ne rien faire. A Leymebamba, j'avais remarqué la disparition de mon jeu de cartes et d'un livret touristique sur Huaraz, tous deux rangés dans la poche avant de mon sac à dos. En voulant visionner mes photos de Kuelap je constate que le câble USB rangé au même endroit a également disparu. J'avais commencé à soupçonner qu'on me les avaient volés dans le camion de Celendin même s'il paraissait difficile à croire qu'on ait pu vouloir voler un jeu de carte et un livret gratuit. Encore moins étant donné que mon sac m'avait servi de coussin cette nuit-là.
Avec 15 minutes de retard décolle le bus. Un trajet bien pénible, étant malade une fois de plus. Quelque chose que j'ai mangé ou bu auparavant me rend l'estomac douloureux et à cela s'ajoute la nausée et la suffocante chaleur à l'intérieur du bus. Il est 2h du matin à Chiclayo et au lieu de dormir inconfortablement dans le terminal, je décide de me payer un taxi et de m'offrir le luxe d'une nuit dans un lit.

No comments: