Monday, August 29, 2005

Temps : Jour J+54
Arrivée 6h du matin à Trujillo, la première contrainte : se débarasser du backpack. C'est un problème qui se pose chaque jour d'arrivée matinale. Les deux solutions existantes sont : un hôtel oú je me paye une chambre ou une compagnie de bus oú j'achète un billet pour le jour-même et à qui je peux le laisser en garde. Convaincu et décidé à faire tout Trujillo dans la journée, je trouve et j'achète, après une longue marche matinale dans les rues de la ville, mon billet pour Cajamarca pour le bus de 22h. Une bonne chose de faite.
Les différents sites n'ouvrant qu'à 9h, je traine un peu avant d'embarquer dans le premier combi pour les Huacas de la Luna y del Sol.

Les environs de Trujillo renferment quantité de sites précolombiens. Les deux cultures principales de la région furent les Moches (0-700 A.C.) et les Chimus (800-1400 A.C.). La civilisation Moche s'épanouit dans la vallée du Rio Moche (d'où leur nom) et les Huacas sont les ruines les plus intéressantes de cette culture. Il s'agit de 2 temples (traduction du mot quéchua Huaca) entre lesquels des fouilles sont en train mettre à jour une zone résidentielle. Ce qui rend les temples Moches particulièrement passionnants pour les archéologues, c'est qu'au bout de chaque cycle de 100 ans, un niveau supplémentaires était ajouté, délaissant le précédent en le remplissant de brique d'adobe, il servait alors de base à la construction du niveau suivant. Aussi, en retirant lesdites briques sont révélés au grand jour dans toute leur splendeur des reliefs et peintures des parois de près de 2000 ans d'âge. Comme cette civilisation avait pour coutûme de représenter dans les décorations de ses temples mais aussi sur les extraordinaires céramiques de son artisanat plantes, animaux, objets et scènes de la vie quotidienne, ce site se révèle d'une richesse inégalée.


De retour en ville, je veux me renseigner sur les tours avec guide pour Chan-Chan et la Huaca Arco Iris. J'hésite à y aller seul : moins cher mais moins intéressant étant donné que, contrairement à Sol y Luna, le droit d'entrée n'inclut pas la visite guidée.
Le responsable de la première agence où je me renseigne est bon commerçant et baisse le prix de 30 à 20 soles ce qui me convaint. Dèpart du minibus à 14h30.
J'ai donc du temps devant moi pour visiter le musée archéologique qui expose des pièces de céramiques Moche et Chimu qui nous sont parvenus jusque là malgrè l'intense pillage dont les sites furent victime d'abord de la part des espagnols puis des pilleurs de tombes appelés Huaqueros (ce qui signifie creuseurs de trous en référence aux ouvertures béantes qu'ils laissent dans les bâtiment qu'ils pillent).
Déjeuner, Internet, Gravure de 2 CD-RW et un CD-R et Postage dudit CD-R.
La civilisation Chimu domina la région à partir du IXème siècle et implanta la capitale de son empire : Chan-Chan, quelques kilomètres au nord de Trujillo. Plus grande ville précolombienne en Amérique sa population a atteint 80000 personnes. C'est surtout sa superficie qui surprend de premier abord. La ville était constituée de temples, palais royaux et quartiers résidentiels. Mis à part quelques exceptions, il ne reste de tout cela que de vastes étendues remplies de murs d'adobe à moitié détruits et battus par le vent de sable du désert. Quelques temples complètment ensevelis par les sables et redécouverts depuis peu conservent leurs frises originales en relativement bon état tel la Huaca del Arco Iris (appelée ainsi à cause de la représentation symbolique d'un arc-en-ciel dans une frise).

Enfin le principal site touristique de Chan-Chan est le palais de Tschudi.

Les murs des quartiers résidentiels quelques temples plus ou moins bien conservés et les palais royaux. Chaque nouveau seigneur de Chan-Chan se devait de construire son propre palais pour y accueillir des cérémonies, y loger sa suite et sa famille. A sa mort ses servants et plusieurs femmes étaient sacrifiés pour l'accompagner dans l'autre monde, tout ce beau monde enterrés dans le palais qui était alors laissé à l'abandon. C'est un de ces palais, en grande partie restauré qui se visite pour admirer son architecture typique en adobe et les impressionnantes frises et sculptures qui parent ses parois.

Pour finir le tour, un peu de temps libre à Huanchaco, petite station balnéaire de Trujillo, touristique pour ses embarcations traditionnelles en roseau (totora).
22h : départ du bus pour Cajamarca.

Temps : Jour J+55
A 4h du matin, après une nuit de bus, on est pas frais. Quand il s'agit de plus de la deuxième nuit de bus d'affilée et que les journées correspondantes furent remplies de marches et de visites, on est littéralement vidé.
A 4h du matin, le premier problème qui se pose est que faire jusqu'à 7h-8h avant que tout n'ouvre. La réponse ne nécessite pas beaucoup d'effort de réflexion. Après trois heures de sommeil sur un siège de la salle d'attente de la compagnie de bus, un autre problème se pose : passer la nuit à Cajamarca ou bien prendre un bus l'après-midi ou le soir en direction de Chachapoyas. La question se pose encore plus tant el besoin d'une douche et d'une nuit complète dans un bon lit se fait sentir. Il s'agit également de savoir si, comme Trujillo, tout Cajamarca se peut voir en un jour. Je me mets donc en quête des compagnies de bus pour Chachapoyas. Aucune ligne directe, il me faut donc passer par Celendin et espérer qu'il y ait là-bas des bus pour Chachapoyas. Le bus part à 13h pour 4h de route. Je prends donc le pari de visiter Cajamarca en une demi-journée ce qui semble faisable étant donné que c'est plus petit que Trujillo. Les musées n'ouvrant qu'à 9h je dois encore traîner quelque peu d'ici là. Je laisse rapidement tomber Los baños del Inca, site peu intéressant culturellement et pas intéressant quand on a pas la moindre intention de se baigner dans ses eaux thermales. Mon premier objectivf est le musée archéologique qui devrait ouvrir à 8h. A 7h50 je suis dans l'entrée. Pas encore ouvert. 20 minutes plus tard je suis de nouveau à sa porte et l'on m'apprend qu'en raison d'une grève des professeurs d'université il n'ouvrira pas. Un expresso-yaourt-salade de fruit et je me présente à l'entré du Cuarto del Rescate oú l'Empereur Inca Atahualpa fut retenu prisonnier par Pizarro et où la légende veut qu'il ait fait amasser 2 salles remplies d'argent et une remplie d'or comme rançon pour sa libération.

Fermé. Je visite donc auparavant les musées ethnographiques, archéologiques et le complexe Eglise-Hôpital de Belen. Mon dernier acte fut de monter au Cerro Santo Appolonia pour sa vue sur la ville et ses rocs sculptés pré-incas et incas. Je mange puis me voici à bord d'un petit bus avec film musical mexicain des années 40 sur écran plat sur une mauvaise mais jolie route de montagne ; un nouveau départ à l'aventure, loin des routes touristiques (et elle sera au rendez-vous). Une de plus mais pas une de trop car les routes restent mais les paysages changent. Rien de comparable entre les 4h de ce trajet, les 3h de Huaraz à Chavin ou bien les 4h de Huanuco à La Union. De verts prés, des arbres et des vaches, on se croirait presque dans les Alpes. Le film étant relativement classique et ennuyant, mon voisin, étudiant le droit à Trujillo pour devenir avocat et rendant visite à sa famille à Celendin me distrait de sa conversation.
Il est 17h à Celendin et comme annoncé dans le Lonely Planet et contrairement à ce qui a pu m'être dit à Cajamarca, seuls les jeudis et dimanches partent des bus pour Chachapoyas. A peine descendu du bus, un combi passe pour Leymebamba. Très vite je comprends qu'il est à la recherche de passagers et qu'à moins d'un certain nombre il ne partira pas. Aprés avoir fait trois fois le tour de la ville, être passé trois fois par la place d'oú partent camions et combis pour Leymebamba et Chachapoyas, il faut se rendre à l'évidence. Il n'y aura pas suffisamment de voyageurs pour partir ce soir. 2 jeunes qui étaient à bord du combis le délaisse finalement pour s'en aller discuter avec le chauffeur du camion stationné sur la place avec déjà quelques personnes debout à l'arrière. Avec une dizaine de personnes, il n'attendra pas sa cargaison et emmènera tout ce beau monde à Leymebamba pour 10 soles par tête (le combi demandait 25). Les personnes arrivent rapidement et nous démarrons pour nous arreter en ville pour manger avant la longue route qui nous attend : 7 heures en combis, donc beaucoup plus encore en camion. 18h15, la nuit tombe et nous partons. Pour profiter des dernières heures de jour et du paysage je m'installe en hauteur à l'avant les pieds sur la cabine. Celendin étant dans le fond d'une vallée, en sortir nécessite de grimper les pentes d'une montagne, passer le col 500 mètres plus haut et redescendre de l'autre côté dans la vallée du Rio Marañon qui s'appellera plus tard Rio Amazonas. Mais la route... La pire que je vis au Pérou : une piste de terre et de gros cailloux quand ce ne sont pas les nids de poules, Pas entretenue et donc tout sauf plate et régulière. Dans un bus ou un combi, assis dans un siège, ce serait déjà pénible, mais en camion... Surtout sur le toit, il faut bien se cramponner. Au milieu de l'ascencion la nuit est déjà noire et le froid commence à se faire sentir. Mais je tiens. Je veux voir le Rio Marañon. La route est mauvaise et il faut une bonne heure pour basculer dans la descente interminable d'une route pire encore mais le froid disparaît pour laisser place à une chaleur tout tropicale qui s'accroit, malgré la nuit, à mesure que nous descendoncs vers les rives. Il faut deux grosses heures avant que nous n'atteignions le pons qui traverse le Rio, d'une largeur déjà impressionnante à cet endroit pourtant encore très éloigné de son embouchure.

La fatigue de 3 nuits de voyages consécutives se fait intenable et je redescends à l'intérieur me trouver dans le noir une place et une position suffisamment confortable pour dormir (on se fait beaucoup moins exigeant dans ces moments-là). Le reste du trajet reste dans ma mémoire comme une série de moments. La pluie se met à tomber, et je suis reveillé par l'agitation des passagers qui essayent de tirer et amarrer la bâche pour qu'elle couvre la totalité du camion. Evidemment il reste un trou laissant passer quelques goutelettes qui viennent directement sur moi. A mesure que nous approchons de Leymebamba, l'agitation revient de par les passagers qui commencent à descendre un à un, emportant les sacs sur lesquels nous étions tous assis ou allongés. Il devient de plus en plus difficile de dormir malgré l'état avancé de fatigue et l'heure bien matinale. Il est 4h du matin quand je descends du camion, aussi alerte qu'un zombie, je paye le chauffeur et me emts en quête d'un logement. Le seul que je trouve est l'hôtel "de luxe" du coin qui me demande 15 soles pour une nuit qui sera bien courte. Je finis par accepter et je m'endors dans un lit pour la première fois depuis longtemps.

Temps : Jour J+56
Il est 13h quand j'émerge et je savoure l'agréable douche chaude. Je fais mon sac et l'hôtel est désert quand je sors. Tant pis, j'aurais au une nuit gratis pour une fois... Sur la place, à la première tienda, je me renseigne sur les bus pour Tingo ou Chachapoyas. Il n'y en a pas, seulement le matin. Evidemment ce n'est pas ce qui m'avait été annoncé. On ne peut pas se fier aux Péruviens quand il s'agit d'obtenir une information fiable ! Dans la tienda, 3 péruviens partagent des bières. Ils me font signe et m'invitent à boire avec eux. J'accepte et je fais vite la connaissance de Marx, étudiant en mécanique, Jorgen, instituteur et Vuilian, prof de littérature.

Fiers d'être du nord, ils me régalent de bière toute la journée et m'encouragent à rester passer la nuit sur place pour aller à la fête du Colegio qui a lieue le soir même. Marx me dit que je peux dormir chez lui. Devant tant d'hospitalité et n'ayant pas encore assisté à une fête locale, je ne peux refuser. En bons péruviens, étant un jour chômé, ils s'enquillent bière sur bière que je partage avec eux à l'oeil mais avec parcimonie, histoire de tenir jusqu'à la fin de la fête (ce qu'ils ne réussiront pas tous à faire). Je me vois égalemetn nourri d'une assiette de viande grillée. La fin d'après-midi-début de soirée, plusieurs étant déjà passablement ivres, chacun rentre chez soi pour se reposer avant de ressortir pour la fête. Entre temps, dans le courant de l'après-midi, Engel, le frère de Marx est rentré d'une expédition d'un mois oú il accompagnait un prof d'université américain. D'apparence extérieure, il est difficile de croire qu'ils sont frères. Marx est de type péruvien classique : la peau mate et les cheveux raides noirs. Engel, lui, est de peau blanche, cheveux chatains et ondulés. J'en apprends vite plus sur lui. Professeur d'histoire, il part régulièrement en expédition pour découvrir sa région (Amazonas) qui a la particularité d'être une des plus méconnues et dépeuplée du pays. Dégageant le passage à la machette ils partent découvrir la végétation, la faune et les nombreux site de la civilisation Chachapoyas qui laissèrent dans plusieurs endroits inaccessibles, au milieu de falaises à pic dans la Selva Alta (forêt d'altitude, le type de végétation de la région) des peintures rupestres et des momies quand les Huaqueros les ont laissées sur place. Il est également et malgré sont jeune âge (29 ans) candidat à la mairie de cette ville de 2800 votants sous couvert du parti d'intérêt régional : Fuerza Amazonas. C'est trés agréable de rencontrer des gens qui ont un aussi bon sens de l'hospitalité et qui contrairement aux Péruviens du sud ne voient pas dans le touriste qu'une fontaine d'argent. Je n'ai quasiment rien eu à dépenser aujourd'hui et mon carnet de compte peut vous confirmer que ce fut la journée la moins chère de mon voyage jusqu'à présent.
Très intéressant d'assister et de participer à une "baile" surtout en compagnie de connaissances. Dans la cour du collège sur le terrain de sport l'orchestre est en place et entonne les musiques populaires du moment tandis que les gensm professeurs et élèves mélangés dansent au milieu en couple sur ce style de musique connue sous le nom de Cumbia. La fête se continue jusqu'à tard dans la nuit. Beaucoup, en bons péruviens, finissent complètement ivres. Marx par exemple.

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